vendredi 17 juin 2011 - 14h22
Dans la Beauce, Eric Malbet chasse avec deux Harris. Un loisir qui nécessite l'apprentissage de la fauconnerie.
Cela fait bien longtemps qu'Eric Malbet a rangé son fusil. Ce céréalier de Morville, dans le nord du Loiret, a d'abord choisi l'arc avant de s'initier à une forme de chasse très originale, la fauconnerie.
En clair, élever et apprivoiser des rapaces qui s'attaquent au gibier.
Cette passion lui est venue il y a huit ans à l'occasion d'une fête de la chasse à Thignonville, le village voisin. Chargé d'organiser un stand sur le thème « Chasser autrement » (en gros, tout sauf le fusil), il invite un fauconnier. Ils discutent ensemble et c'est le coup de cœur.
Mais pour devenir chasseur au vol – c'est l'expression consacrée – il faut montrer patte blanche. « Les démarches administratives avec la préfecture ont pris deux ans : en plus du stage de trois mois avec un fauconnier, j'ai dû justifier de ma motivation, de mon expérience de la chasse et des conditions d'accueil des animaux », raconte Eric Malbet.
Aucune erreur possible
Son choix s'est porté sur la buse de Harris, la plus petite espèce d'aigle : 1,10 m d'envergure et un poids d'un bon kilogramme. « C'est un oiseau économiquement abordable et qui permet de chasser à plusieurs », souligne le passionné. Il chasse le lièvre, le lapin mais aussi le faisan, le pigeon ou encore les nuisibles (corbeaux, pies...).
Actuellement, Eric possède deux femelles : Debiee (deux ans, une Harris d'origine mexicaine) et Haqumi (sept ans, d'origine canadienne).
L'instinct de chasse des rapaces est réveillé par la fuite du gibier et la faim. La veille, l'agriculteur diminue donc leur alimentation (à base de poussins morts). La technique de chasse est bien précise.
« Comme l'oiseau est beaucoup plus léger que le lièvre, il faut le dresser à planter ses serres directement dans la tête », précise l'agriculteur. Une fois la proie atteinte, le rapace se nourrit sur le cou et doit laisser les parties nobles de l'animal.
Tout cet apprentissage requiert un travail minutieux pendant de longs mois. Sans aucune place pour l'erreur.
« Il m'est arrivé une seule fois de faire un mauvais geste et je me suis retrouvé avec un doigt transpercé par une serre », raconte Eric Malbet.
Ces rapaces, certes splendides, sont des animaux dangereux, à confier à des connaisseurs. Mais, question bestioles à risques, Eric est expert. Deux serpents exotiques se prélassent dans le vivarium de son salon.
Une pratique sous conditions Près de trois cents personnes pratiquent la chasse au vol en France. En plus du permis (le même que pour la chasse à tir), il faut obtenir les autorisations administratives pour la détention et le transport des oiseaux. De plus, il faut soit être propriétaire d'un territoire, soit disposer d'un droit de chasse. La surface est importante : plusieurs dizaines d'hectares pour des oiseaux de bas vol qui attaquent le gibier depuis le poing du chasseur (autour, épervier, Harris), et plusieurs centaines d'hectares pour les oiseaux de haut-vol, qui eux tombent en piqué sur leur proie (faucon). |
Juliette Talpin
(publié le 17 juin 2011)
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