Sainte-Suzanne à l'heure médiévale

Déjà classée « petite cité de caractère », Sainte-Suzanne a obtenu cette année le label du « Plus beau village de France » grâce aux embellissements réalisés par la municipalité.

Le chemin des remparts offre une vue panoramique sur cette région des Coëvrons, avec ses anciens moulins dont certains fabriquaient autrefois de la pâte à papier à partir de vieux tissus de lin ou de chanvre.

Au XVIII^e siècle, une partie de ce papier servait à l'impression de cartes à jouer. Le hameau situé au bord de la rivière Erve, en contrebas de la cité, a conservé des traces de ces anciens moulins.

Le village médiéval, perché sur son éperon rocheux, est cependant plus connu pour sa résistance aux Anglais que pour ses cartes à jouer. Dressée comme une forteresse, la cité est la seule à avoir résisté aux assauts de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre, parti à la conquête du Maine.

Le vieux donjon du XI^e siècle témoigne des combats livrés ici. Une autre trace des assaillants se trouve à cinq cents mètres de la cité au camp de Beugy, ou « camp des Anglais ».

De 1083 à 1087, Guillaume le Conquérant y avait installé ses troupes. On aperçoit encore les deux enceintes en fer à cheval séparées par une douve.

Il faudra attendre la guerre de Cent Ans, en 1425, pour que Sainte-Suzanne tombe durant quatorze ans aux mains des Anglais.

Le Musée de l'auditoire retrace les mille ans d'histoire de la cité fortifiée. Installé dans l'ancien auditoire de justice du XVII^e siècle, il présente l'histoire du lieu, du Moyen Âge à la Révolution, grâce à ses objets authentiques, ses maquettes, costumes et dioramas.

Créé par une association de bénévoles, c'est un lieu de conservation du patrimoine communal et un centre de documentation sur l'histoire. Il expose la plus ancienne armure connue en France, datant du début du XV^e siècle. Une maquette montre le camp des Anglais avec palissades et tours en bois.

Le logis construit au XVII^e siècle par Fouquet de la Varenne, surintendant général des Postes sous Henri IV, se trouve un peu plus loin. Réhabilité par le conseil général de la Mayenne, il abrite depuis un an le Centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine.

Expositions, maquettes et outils audiovisuels présentent l'histoire et le patrimoine local toute l'année. Clin d'œil aux agriculteurs : le 7 novembre 2010, l'historien Bernard Barbiche parle de l'œuvre de Sully, ministre de l'Agriculture, que Fouquet de la Varenne côtoya longuement.

par Anne Mabire

(publié le 5 novembre 2010)