Ils trinquent, raclent leurs assiettes ou mâchent avec entrain, mais tout est simulé : une centaine de militants du Secours populaire ont « mangé dans le vide », mercredi devant l'Assemblée nationale, pour défendre le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD).
Les participants à cette action de « Air food » ont fait semblant de manger avec des assiettes, des verres et des couverts en plastique pour sensibiliser les décideurs européens sur ce qui pourrait arriver en cas d'arrêt du PEAD.
A la fin de la manifestation, ils ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Dans un an, 18 millions d'Européens ne feront pas semblant », « Dites non à la suppression du Plan d'aide européen aux plus démunis ».
Ce programme permet de distribuer des repas à 18 millions d'Européens dans le besoin, dont 4 millions de Français, via les associations (en France, le Secours populaire, les Banques alimentaires, les Restos du Cœur et la Croix-Rouge).
En 2011, le Secours populaire a distribué 186 millions de repas, dont 40 % viennent du PEAD, a indiqué Pascal Rodier, secrétaire national de l'association, en charge des questions européennes.
Le PEAD est en sursis jusqu'à la fin 2013 depuis que l'Allemagne a réclamé, en 2011, la fin de son financement communautaire, arguant que l'aide sociale relevait des Etats et non de l'Union européenne (UE). Jeudi et vendredi, le Conseil européen des chefs d'Etats, réuni à Bruxelles, doit décider de l'avenir de cette aide européenne.
Parmi les manifestants, se trouvaient notamment l'ancien ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, et plusieurs élus.
Le ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, et la ministre chargée de la lutte contre l'exclusion, Marie-Arlette Carlotti, sont également venus assurer les manifestants de leur soutien. « Nous sommes désireux que ce programme puisse continuer à vivre et soit doté d'un budget qui permette à l'Europe de témoigner de sa capacité dans la crise à apporter un soutien aux plus démunis », a dit M. Cazeneuve.
Devant les députés, Mme Carlotti a affirmé que le gouvernement était « entièrement mobilisé ». « Ce fonds devra garder un lien avec la Pac pour que les stocks alimentaires soient redistribués aux personnes les plus fragiles et Stéphane Le Foll (le ministre de l'Agriculture) a aujourd'hui convaincu la Commission sur ce point ».
Le 24 octobre dernier, la Commission européenne avait proposé la création d'un fonds d'aide doté de quelque 2,5 milliards d'euros jusqu'en 2020 permettant de fournir une aide alimentaire aux plus pauvres, mais aussi des vêtements et des biens de première nécessité. Ce dispositif ne satisfait pas le Secours populaire, qui dénonce une enveloppe « réduite et éclatée ».