La Commission européenne, sous la pression de plusieurs pays mécontents, a promis mardi une enveloppe nettement supérieure à 150 millions d'euros pour indemniser les producteurs de légumes de l'UE dont les ventes se sont effondrées du fait de l'épidémie de la bactérie Eceh.
Lors d'une réunion extraordinaire des ministres européens de l'Agriculture, le commissaire en charge du dossier Dacian Ciolos a d'abord proposé de créer un fonds de soutien exceptionnel de 150 millions d'euros pour couvrir les pertes des agriculteurs.
Bruxelles voulait dans ce cadre indemniser les pertes à hauteur de 30 %. Mais une grande majorité de ministres ont jugé ce montant très insuffisant et exercé de « fortes pressions » pour qu'il soit revu en hausse, selon une source diplomatique.
A l'issue de la réunion, M. Ciolos s'est engagé à « revoir ce chiffre » à la hausse, de façon à améliorer de façon « substantielle » aussi bien le niveau de compensation et que l'enveloppe globale.
Partout en Europe, les consommateurs boudent concombres, salades et autres tomates, présentés par l'Allemagne comme possibles vecteurs de la contamination bactérielle qui a tué déjà 24 personnes.
Les fonds tirés du budget européen permettront d'indemniser partiellement les pertes des producteurs de légumes, qu'ils soient ou non membres d'une organisation de producteurs.
Un producteur de concombres pourrait ainsi percevoir quelque 14 cents par kilo, sur un prix normal de 48 cents calculé sur la moyenne saisonnière de 2007 à 2010.
Les producteurs affiliés à des organisations - environ 35 % des professionnels en Europe - pourront y ajouter des indemnisations déjà prévues par les règles en vigueur. Ils pourraient ainsi recevoir les deux tiers du prix de vente moyen (autour de 32 cents par kilo de concombre).
Les pertes de salades et de tomates depuis le 26 mai seront aussi prises en compte et la liste pourrait être étendue aux courgettes et poivrons.
Les capitales européennes ont exercé d'énormes pressions pour que Bruxelles révise sa copie, et un nouveau projet devrait être présenté dès mercredi.
« Pour l'Espagne, ce n'est pas assez », a notamment assuré l'Espagnole Rosa Aguilar, en s'en prenant notamment au principe du remboursement de 30 % de la valeur des invendus.
Elle a pu compter là-dessus sur le soutien de Paris et de huit autres pays qui ont réclamé que l'UE indemnise à hauteur d'« entre 90 et 100% des pertes ».
Les producteurs français « ne sont pas responsables de ce qui s'est passé, ils prennent de plein fouet la crise, ils ont droit à une indemnisation à l'euro près », s'est expliqué Bruno Le Maire.
« Je suis prêt à la revoir à la hausse mais je pense pas que le niveau du budget permettra d'aller à 100 % », a rétorqué Dacian Ciolos.
Selon le Copa-Cogeca, le secteur enregistre des pertes de l'ordre de 417 millions d'euros par semaine, dont 200 millions en Espagne, premier exportateur de fruits et légumes en Europe qui a vu ses ventes s'effondrer depuis que ses concombres ont été mis en cause - à tort - par les autorités allemandes.
Plusieurs ministres ont également souligné la nécessité de tirer les leçons des dysfonctionnements du système d'alerte sanitaire européen, accusé d'avoir semé prématurément la panique et détourné les consommateurs des légumes sans preuve, sur fond de polémique germano-espagnole.
« Cela doit bien entendu faire l'objet d'une enquête », a reconnu le commissaire chargé de la Santé, John Dalli. Il y a urgence également à identifier la source pour obtenir la levée des embargos décrétés, en particulier par la Russie, sur les importations de légumes européens.
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