Lors de la table ronde consacrée aux leviers de la compétitivité en agriculture, jeudi au congrès de la FNSEA, le commissaire à l'Iinvestissement, Louis Gallois, et Cécile Philippe, une économiste, s'en sont pris vivement au principe de précaution appliqué à tout va.
« Il faut endiguer la marée réglementaire. Il y a là un problème qui vous touche particulièrement ». Voilà ce qu'a mis en tête de liste, le commissaire à l'Investissement, Louis Gallois, lors du congrès de la FNSEA, en délivrant son analyse des solutions à mettre en œuvre pour retrouver de la compétitivité en agriculture.
Selon lui, la France est passée maître dans la « surtranscription des directives européennes » et enrayer la mécanique de production normative et réglementaire s'annonce comme une tâche « herculéenne ». Réputé pour sa hauteur de vue, très écouté dans les milieux économiques, Louis Gallois a plaidé pour une harmonisation sociale européenne, fustigeant le fait qu'en Allemagne , le pays le plus riche d'Europe, « plus de deux millions de salariés soient payés à 4 € de l'heure » via des sociétés de prestations de service faisant appel à de la main-d'œuvre des pays de l'Est.
Il a aussi jugé anormal qu'il n'y ait pas de Smic dans ce pays. Louis Gallois a souhaité que l'agriculture bénéficie autant que possible du CICE (crédit d'impôt) faisant partie du pacte de compétitivité et que la filière agricole soit plus présente dans les demandes d'aide à l'innovation.
Le Commissaire général s'en est pris longuement au principe de précaution qui « est un bon principe dès lors qu'il ne dépasse pas les bornes ». Mais en l'occurrence, « on les dépasse largement » a-t-il asséné. Selon lui, le principe de précaution est devenu en France un facteur de blocage de l'innovation et par là-même, de la compétitivité.
Et Louis Gallois de citer les nanotechnologies ou les OGM comme autant de victimes de son application à outrance. En fait, « le principal risque que nous courrons est celui du déclin si on l'applique sans limites » a-t-il encore ironisé en guise de contrepied.
Effets économiques pervers
Sur la même longueur d'ondes, Cécile Philippe, directrice générale de l'Institut Molinari, un think-tank, a consacré l'essentiel de son intervention aux effets économiques pervers que génère la mise en œuvre à tout va du principe de précaution : délocalisation de centre de recherche (cas des biotechnologies de BASF transférées aux Etats-Unis), innovations qui restent dans les cartons ou qui, « pire » ne sont même pas imaginées par peur !
« Quelle entreprise aura intérêt à développer un substitut au bisphénol A, bientôt interdit dans les cannettes, dans la mesure où elle risque à son tour de se retrouver dans le collimateur des activistes ? », s'est-elle interrogée.
Dans sa démonstration, elle a pointée du doigt les groupes environnementaux qui sont « clairement anti-innovation » et qui agitent la peur de scandales auprès des élus, et la peur tout court auprès de la société.
Pour Cécile Philippe, aucun pays au monde n'est allé aussi loin avec ce principe puisque la France l'a carrément adossé à sa constitution, le niveau le plus élevé dans la hiérarchie des textes juridiques. Mais, selon elle, de plus en plus de voix soulignent l'exagération qu'il y a à l'appliquer de manière aussi large...