L'OCDE milite à la fois pour des politiques agricoles misant sur des investissements stratégiques pour accroître la productivité dans les pays en développement et permettant de tirer avantage des prix alimentaires élevés, et à faciliter la transition de la main-d’œuvre agricole vers des emplois non agricoles mieux rémunérés.
Dans sa nouvelle étude, « Agricultural Policies for Poverty Reduction », présentée le 2 mars 2012 à Londres, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) propose d’agir sur trois fronts pour accroître les revenus ruraux et réduire la pauvreté :
- améliorer la productivité et la compétitivité au sein du secteur agricole,
- aider les ménages ruraux à diversifier leurs sources de revenus, et leur proposer des systèmes de protection sociale efficaces,
- et faciliter la transition de la main-d’œuvre agricole vers des emplois non agricoles mieux rémunérés.
Selon l’étude de l’OCDE, « les décideurs politiques doivent accepter que la multiplication des opportunités conduira de nombreux petits exploitants à quitter le secteur agricole ». Le rapport invite donc les gouvernements à « faciliter cet ajustement au lieu de le freiner ».
Cela passe par le renforcement des « opportunités offertes aux agriculteurs aptes à développer une activité commerciale dans le secteur agricole, tout en veillant à assurer un développement équilibré permettant de tirer la main-d’œuvre – et non de la pousser – hors du secteur agricole », assure l'organisation.
« Bon nombre des mesures nécessaires pour réduire la pauvreté sont extérieures au secteur agricole, souligne l'OCDE. L’amélioration de l’éducation et des soins de santé primaires dans les campagnes occupe parmi elles une place centrale. Tout aussi importante est l’instauration d’un climat général propice à l’investissement, qui implique une situation de paix et de stabilité politique, une saine gestion macroéconomique, des institutions fortes et une bonne gouvernance. »
Créer des opportunités hors du secteur agricole peut s'avérer difficile, tempère l'OCDE, mais « une fois les premiers obstacles à la diversification économique franchis, le changement structurel peut aller très vite », selon elle. Le rapport cite le cas de la Corée, où la part de l’emploi agricole dans l’emploi total est tombée de 40 % à 16 % « en à peine 14 ans durant la période 1977-1991 », alors qu’il aurait fallu « 53 ans aux États-Unis et 68 ans au Royaume-Uni pour opérer une telle transition ».
« Les interventions sur les marchés, par le biais de mécanismes de soutien des prix et d’aides aux intrants notamment, ne doivent être que des solutions de dernier recours car elles s’attaquent aux symptômes et non aux causes du sous-développement », fait valoir le rapport.
Pour l'OCDE, les interventions sur les marchés « ne seront jamais aussi efficaces que des programmes sociaux ciblés s’agissant de la protection des revenus ». Mais elle reconnaît qu'elles « pourraient parfois se justifier » dans les pays plus pauvres où les institutions sont moins développées, et où les marchés ne peuvent fonctionner « faute de crédit et d’informations commerciales de qualité ». Dans ces cas-là, les gouvernements pourraient intervenir pour « contenir les effets des fluctuations extrêmes de prix sur les producteurs et les consommateurs » et pour « stimuler les marchés agricoles en offrant des aides stratégiques aux semences et aux engrais ».
L'OCDE pointe également le fait que « les interventions sur les marchés représentent souvent une contrainte budgétaire qui ne peut s’inscrire dans la durée ». Pour cette raison, les gouvernements qui y recourent « doivent simultanément mettre en œuvre des politiques potentiellement plus productives à long terme, notamment en renforçant les investissements dans des biens publics, tels que la recherche agronomique et l’infrastructure rurale, que le marché ne peut à lui seul fournir, et en instaurant des dispositifs d’aide sociale ciblés pour protéger les revenus », prévient-elle.