Le 7 décembre dernier, lors d'une conférence de presse de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), Alain Jeanroy, son directeur général, a fait le point sur la récolte de 2012, la réforme de la Pac et la situation du marché européen de l'éthanol.
Récolte de 2012
« Les semis se sont faits dans de bonnes conditions mais la climatologie s'est dégradée dès le mois d'avril. La partie littorale de la Région Nord-Pas-De-Calais a reçu 750 mm en deux mois. Ainsi, 1.500 ha sont en grande difficulté dans cette Région »,a-t-il expliqué.
Les conditions climatiques humides sont à l'origine d'une richesse en sucre en baisse et de rendements (86 t/ha) inférieurs de 3 t/ha à la moyenne quinquennale. De même, la tare terre à 13 % s'affiche au-delà du pourcentage de 2011 (9 %).
La production sur la récolte de 2011 s'élève à 33,1 Mt. « Cela reste dans les récoltes importantes », précise le directeur. Un allongement des campagnes est observé depuis 2009. Cela s'explique par la réduction du nombre d'usines et à l'augmentation de la production betteravière.
Réforme de la Pac
Lors des dernières discutions sur la réforme de la Pac, quatoze pays se sont montrés favorables au maintien du règlement sucre, neuf sont contre et l'Italie et les Pays-Bas pourraient basculer en faveur de son maintien. Dans ce cas, la majorité qualifiée serait atteinte et il ne pourrait y avoir de minorité de blocage. La CGB demande une reconduction du règlement sur le sucre jusqu'en 2020.
En ce moment, il y a 30 % d'écart de compétitivité entre les exploitations européennes et brésiliennes. « Les exploitations européennes se sont améliorées mais ce n'est pas suffisant pour affronter le marché mondial, précise Alain Jeanroy. Nous ne défendons pas un pré carré mais un maintien de la situation actuelle pour continuer nos progrès de productivité. Si la performance est au rendez-vous en 2018, nous aurons peut-être une autre vision pour l'après 2020. »
« Concernant la réforme de la Pac, nous estimons que les mesures adoptées doivent être européennes, prévient le directeur de la CGB. Si les Etats ont trop de latitude, on aura des distorsions de concurrence. On le voit déjà pour ce qui est des produits phytosanitaires entre la France et l'Espagne. Nous ne sommes pas contre le verdissement mais uniquement dans un cadre général car la tendance française est toujours d'en rajouter, ce qui risque de plomber la compétitivité des producteurs par rapports à leurs homologues européen. »
Ethanol
Au niveau européen, la production d'éthanol s'élève à 43,4 Mhl (millions d'hectolitres) dont 10,6 Mhl à base de betteraves. La production Française atteint 12 Mhl avec une prédominance de l'éthanol de betterave. Un tiers de la production française est exporté vers l'Europe.
La France, premier exportateur européen devant l'Allemagne et l'Espagne, a un vrai potentiel avec la production de bioéthanol. Cependant, les frontières européennes ont été une véritable passoire pour les importations en provenance des Etats-Unis et du Brésil qui ont bénéficié de mesures de distorsion. Par exemple, en 2008, le Brésil exportait son éthanol sous la nomenclature d'un produit chimique avec des droits réduits. Depuis le 1er juillet 2012, ces contournements sont interdits, et ont conduit à une augmentation des prix de l'éthanol dans l'UE.
« Nous avons assaini le marché de l'éthanol dans l'UE avec l'appui de la Commission », se félicite Alain Jeanroy. Le marché européen de l'éthanol est actuellement de 55 Mhl pour une production de 43,4 Mhl (environ 11,6 Mhl sont importés). L'objectif pour 2020 était de produire 135 Mhl pour respecter la directive européenne sur les énergies renouvelables. Mais au mois de septembre, la Commission a décidé de plafonner les incorporations d'éthanol issu de la première génération à 5 % (au lieu de 10 % auparavant). 54 Mhl de production échapperaient ainsi à la filière de l'éthanol.
Désormais, pour atteindre les 10 % d'incorporation d'ici à 2020, la Commission souhaite que les biocarburants de deuxième et troisième générations soient comptabilisés avec un coefficient multiplicateur de quatre. « Nous estimons que la recherche sur ces carburants n'est pas assez avancée et que cela risque d'entraîner une augmentation de la consommation d'énergies fossiles », prévient Alain Jeanroy.