Publié le vendredi 13 mai 2011 - 15h40
Le secteur agricole et les écologistes s'affrontent durement depuis des jours au Parlement brésilien où les députés ont ajourné, jeudi, le vote sur un projet de loi assouplissant la protection de l'Amazonie et des immenses forêts du pays.
« Nous courons le risque de légaliser les tragédies environnementales de ce pays », a mis en garde le député vert Aluizio dos Santos Junior lors de la discussion sur la réforme du code forestier.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les députés ont repoussé à la semaine prochaine le vote sur ce projet en discussion depuis plus d'un an. Il sera ensuite soumis au Sénat.
Le code forestier de 1965 limite l'usage agricole des terres en obligeant les propriétaires de forêts à en préserver une partie intacte, jusqu'à 80 % en Amazonie. Il protège également des zones sensibles comme les rives des fleuves, les sommets et les coteaux des collines.
Immense pays de 8,5 millions de km², le Brésil possède aujourd'hui 5,3 millions de km² de forêts, essentiellement en Amazonie.
Avide de repousser les frontières agricoles et sous la pression du durcissement des lois et des contrôles environnementaux, le secteur agricole et de l'élevage a réclamé une réforme de la loi.
« Les exigences du code sont extrêmes : on veut une Amazonie gratuite et que les agriculteurs payent pour la préserver. Nous devons réformer cette loi pour continuer à produire des aliments pour les Brésiliens et le reste du monde », a déclaré le député Luis Carlos Heinze, membre du groupe parlementaire des « ruralistes » qui défend les intérêts des propriétaires terriens.
Le Brésil est l'un des principaux producteurs et exportateurs au monde de soja, de céréales et de viande.
L'auteur de la réforme, le député Aldo Rebelo, affirme que plus de 90 % des propriétés rurales du pays ne respectent pas les quotas de reboisement exigés par la loi. Cela représente 600.000 km² de terres qui devraient être replantées.
Le gouvernement a tenté de concilier ces intérêts contradictoires : en contrepartie de l'assouplissement de la loi, il a demandé qu'une partie au moins des forêts détruites au cours des dernières décennies soit reboisée.
Mais les défenseurs de l'environnement assurent que la nouvelle loi encouragera la déforestation parce qu'elle est permissive, que son application est incertaine et qu'elle exempte les dénommés « petits » agriculteurs – possédant de 20 à 400 hectares –, de l'obligation de reboiser.
« Ce texte est un passeport pour la déforestation, et cette exemption pour les petits agriculteurs signifie que de 150.000 à 300.000 km² de forêts ne seront pas reconstitués », a dit le militant de Greenpeace Paulo Adario.
La réforme coïncide avec l'annonce d'une récolte record de céréales et de soja pour l'année 2010-2011 et des exportations de produits agricoles de près de 80 milliards de dollars en douze mois.
Mais le Brésil a néanmoins réussi à ralentir le rythme de la déforestation de l'Amazonie qui avait atteint 27.000 km² en 2004 en raison de l'avancée de l'agriculture, de l'élevage et du déboisement illégal. En 2010, elle était tombée à 6.500 km².
La déforestation massive a fait du Brésil le quatrième plus grand émetteur de gaz à effet de serre du monde.
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samedi 14 mai 2011 - 09h35
400 ha petit agriculteur. Aïe; à mon avis nous ne sommes plus dans la course; chez nous celui qui a 400 ha est considéré comme un "horrible" "gros et attise toutes les jalousies (pour ne pas en dire plus). Avec de tels critères nous ne sommes plus compétitifs et la concurrence avec le Mercosur ne peut que tourner à notre désavantage (sans parler des contraintes environnementales: comme on le voit dans cet article, nous vivons dans une autre planète comparé au Brésil!)