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Article 5 :

Parasitisme: miser sur l’immunité pour protéger son troupeau

L’un jouait à fond sur la prévention. L’autre beaucoup moins. Deux éleveurs racontent comment ils ont revu leur stratégie de lutte contre le parasitisme avec le logiciel Parasit’Info, développé par les groupements de défense sanitaire bretons.

Eleveurs en Gaec à Saint-Barnabé, dans les Côtes-d’Armor, François Binet et son fils Patrice ont révisé leurs pratiques de traitement contre les strongles. Comme de nombreux éleveurs de leur région, mais aussi du Cher, ils ont accès au logiciel Parasit’Info grâce au GDS. «Cet outil permet d’identifier les périodes à risques d’infestation pour chaque lot et de choisir les traitements adaptés en fonction de la conduite mais aussi des conditions climatiques propres à l’élevage », explique Stéphanie Lardoux, ingénieur au GDS des Côtes-d’Armor. Parasit’Info est conçu pour optimiser la prévention contre les strongles digestifs et la douve. François Binet explique que la centaine de génisses de l’élevage est divisée en lots de quinze à vingt bêtes. Chaque bande tourne sur un îlot de quatre prairies, sur une quinzaine de jours, en fonction de la pousse de l’herbe. Le risque d’infestation arrive assez tardivement vers la mi-août. A cette époque, l’herbe manque et des fourrages complémentaires sont fournis. Quand les animaux pâturent très ras, ils ingèrent davantage de larves. Les éleveurs avaient l’habitude d’apporter un vermifuge à action immédiate sous forme de granulés à toutes les génisses. Parasit’Info leur conseille de traiter à cette période avec un produit à action retard, et seulement sur les génisses en première année de pâturage. En effet, les animaux restant sur les mêmes parcelles, le produit à action immédiate élimine ponctuellement les parasites, mais n’empêche pas les bovins de se contaminer à nouveau dans la foulée. Ce traitement suffirait s’ils rejoignaient une parcelle saine tout de suite après. Les génisses de deuxième année ont eu le temps d’acquérir l’immunité et n’ont pas besoin de traitement. « Je me rends compte que ce n’était pas très cohérent, réagit Patrice. Mais la forme granulée est très pratique à apporter au champ. » Il réfléchit à une solution pour pouvoir appliquer un produit sous forme pour-on cet été. Peut-être le fera-t-il en utilisant sa bétaillère. Mais il pense aussi que l’acquisition en commun d’un parc de contention mobile serait bien utile.

 

Tuer les parasites à la rentrée

Les éleveurs avaient aussi l’habitude de traiter avec un produit à action retard au moment de la rentrée à l’étable. Mais Parasit’Info leur suggère un traitement à action immédiate à ce stade, pour les premières années. Les plus grandes peuvent s’en passer. Car une fois rentrées, les bêtes ne risquent plus d’être en contact avec les larves. Le traitement vise donc uniquement à tuer les parasites au jour de la rentrée. Cependant, les produits à action retard ont souvent l’avantage de traiter aussi contre les parasites externes (poux, gale...), ce qui n’est pas inutile avant l’hiver. Enfin, les éleveurs vermifugent systématiquement les primipares au moment du vêlage. Une pratique superflue puisque ces animaux ont acquis une immunité solide. Mais Patrice aura du mal à y renoncer car cela le sécurise. L’élevage fait de la transplantation embryonnaire et les receveuses sont systématiquement traitées. « Je reconnais que c’est peut-être du luxe mais si cela me fait gagner une génisse, c’est rentable », estime Patrice. Globalement, la confrontation de leurs pratiques avec les conseils du logiciel leur a permis de mieux appréhender les risques réels sur leur élevage et d’y adapter leur stratégie.

Changement de décor dans le nord du département sur une zone côtière et donc séchante. Eleveur à Lantic, Philippe Heurtel est un adepte des concours et il vend des mâles au CIA. Vigilant sur la santé de ses animaux, il mise volontiers sur la prévention. Comme ses collègues de Saint-Barnabé, il sort les génisses courant avril et les fait tourner sur quatre parcelles. Mais ici, la sécheresse estivale démarre début août, voire en juillet, et concerne toutes les parcelles. Il apporte donc des fourrages complémentaires à cette période. Le risque d’infestation est important en septembre.

Jusqu’ici, Philippe Heurtel mettait des bolus à action séquentielle sur toutes les génisses de première année au moment de la sortie au printemps. Celles de deuxième année étaient traitées avec un produit à action retard au moment de la rentrée. Et toutes les vaches recevaient ce type de traitement au vêlage. Cette stratégie présente une certaine logique. Le bolus protège les animaux pendant une longue durée. Mais il retarde la mise en place de l’immunité. Il faut donc continuer à protéger les jeunes adultes.

 

L’immunité s’installe en huit mois de pâturage seul

Parasit’Info propose une autre conduite à l’éleveur. La période à risque étant tardive et de courte durée, il serait utile de protéger les animaux en première année de pâturage avec un traitement à effet retard en septembre. Il faut huit mois de pâturage non complémenté pour que l’immunité s’installe. Elle sera donc acquise chez les génisses de deuxième année après les deux premiers mois de pâturage de deuxième saison. Durant cette période, les larves sont présentes mais leur densité est assez faible. Les animaux n’auront donc pas besoin de traitement en septembre. En revanche, on peut utiliser un produit à action immédiate à la rentrée pour nettoyer les bovins. Avec ce type de stratégie, les vaches adultes sont immunisées et il est inutile de les traiter systématiquement au vêlage.

Philippe Heurtel a décidé de suivre ces conseils. Les génisses pâturent depuis deux mois et il n’a encore apporté aucun traitement. « Ça me semble un peu bizarre de ne rien faire, avoue-t-il. Mais je les surveille de près et tout se passe bien. » Il fera le traitement recommandé à la fin de l’été sur les jeunes et va abandonner le pour-on au vêlage. Stéphanie Lardoux l’alerte cependant sur le cas des bandes qui ont reçu un bolus. Leur immunité est probablement moins solide et il conviendra de les surveiller afin de réagir rapidement en cas de soupçon d’infestation. Les bolus coûtaient plus de 200 € à l’éleveur pour une bande de génisses. Le traitement pour-on qui va les remplacer revient à environ 80 €. Philippe Heurtel pense acheter des produits génériques, moins chers. Car l’ivermectine, matière active très utilisée dans les traitements antiparasitaires, est désormais tombée dans le domaine public. Mais en plus de cet avantage économique, l’éleveur a bien compris l’intérêt de favoriser l’acquisition de l’immunité. « Il vaut mieux que les bêtes se frottent aux parasites quand elles sont jeunes que plus tard, alors qu’elles sont en production », remarque-t-il.

Parasit’Info ne permet pas systématiquement de réduire les coûts de traitement. Tout dépend de la stratégie initiale. C’est un outil très pédagogique qui donne à l’éleveur les connaissances nécessaires pour gérer sa stratégie antiparasitaire. Dans tous les cas, il aboutit à raisonner dans une optique d’acquisition de l’immunité. Il permet aussi d’éviter les traitements inutiles, voire aberrants, et donc d’optimiser l’utilisation des traitements. Les bovins ainsi conduits n’ont plus besoin d’être traités à l’âge adulte. Il conviendra cependant d’être prêt à réagir au cas par cas si certains animaux paraissent en petite forme. On estime qu’un sur dix peut avoir une immunité insuffisante.

 

Traiter au bon moment

Le traitement contre le parasitisme des génisses devra être effectué entre mi-juillet et mi-août, si l’éleveur travaille avec une seule parcelle (full grass). Mais également s’il fonctionne en rotation sur des parcelles qui ne dessèchent pas l’été (herbe toujours verte). Si un endectocide a été réalisé à la mise à l’herbe, le deuxième traitement devra avoir lieu huit à dix semaines après le premier.

En revanche, le traitement devra attendre septembre si l’éleveur apporte plus de la moitié de la ration en foin (ou autre fourrage) pendant l’été. Il en est de même si les animaux pâturent à partir de juillet sur des parcelles fauchées au printemps, ou si une sécheresse estivale de plus trois semaines règne sur les pâtures. Idem si les animaux sont sortis après le 1er juin.

par Pascale Le Cann

(publié le 3 juillet 2006)



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