Publié le mardi 24 mars 2015 - 17h44
Le parquet néerlandais a demandé une peine de cinq ans de prison contre le grossiste en viande Willy Selten, accusé d'avoir vendu des milliers de kilos de viande de cheval en tant que « pur bœuf » et dont le procès pour faux en écriture s'est tenu mardi 24 mars.
« M. Selten a falsifié étiquettes et factures de manière intentionnelle, dans le but de vendre de la viande de cheval en tant que bœuf et d'en tirer un bénéfice », a déclaré le procureur Ingeborg Koopmans au tribunal de Bois-le-Duc, dans le sud des Pays-Bas. « M. Selten était un véritable maître de la tromperie. Il a trompé son personnel, les autorités de contrôle et les consommateurs, dont la confiance a été bafouée », a ajouté Mme Koopmans.
« La réputation de l'industrie de la viande néerlandaise a été endommagée », a également affirmé Mme Koopmans, soulignant que la viande de cheval en tant que bœuf avait probablement eu lieu « à plus grande échelle » que ce que les documents saisis permettent de prouver. Un jugement contre Willy Selten est attendu pour le 7 avril 2015.
Le grossiste évoque une erreur administrative
Willy Selten est notamment accusé d'avoir vendu en tant que « pur bœuf » des milliers de tonnes de mélange de cheval et de bœuf. La viande de cheval étant moins chère que le bœuf, il a pu en tirer une « plus-value financière importante », a ajouté Mme Koopmans. La société de Willy Selten, basée à Oss, dans le sud des Pays-Bas, aurait été à l'époque en difficultés financières, assure le parquet. Cette société a depuis été déclarée en faillite.
Le grossiste en viande de 45 ans assure, lui, ne pas être en faute : il reconnaît avoir fourni de la viande de cheval à un client anglais, à sa demande, mais c'est à cause d'une « erreur administrative » que de la viande de cheval se serait retrouvée dans d'autres lots de viande. « Nous avons fait une erreur dans la tenue de livres de comptes », a affirmé Willy Selten aux juges dans la matinée, assurant que l'enregistrement du cheval en tant que bœuf était dû à un « automatisme » : « Cela n'aurait pas dû arriver. »
« 25 ans, chaque jour, chaque mois, chaque année, j'ai donné la priorité à la qualité de ma viande », a-t-il assuré, en larmes, dans une courte déclaration après les conclusions de son avocat.
Willy Selten avait été arrêté en mai 2013 pour la vente présumée de 300 tonnes de viande de cheval présentée comme du bœuf. Sa société avait déjà été impliquée dans un scandale, quand les autorités sanitaires néerlandaises (NVWA) avaient ordonné en avril 2013 le rappel de 50.000 tonnes de viande vendues par sa société entre janvier 2011 et janvier 2013.
Pas de danger potentiel pour la santé publique
Étiquetée bœuf mais pouvant contenir du cheval, la viande avait été écoulée pour moitié aux Pays-Bas et l'autre moitié à travers l'Europe et s'était notamment retrouvée dans des hamburgers au Portugal, selon les juges. La NVWA estimait toutefois à l'époque que la plupart des 50.000 tonnes de viande vendues à des centaines de sociétés en Europe par Willy Selten avait déjà été consommée et qu'aucun signe ne laissait penser à un « danger pour la santé publique ».
La viande de cheval serait arrivée à Oss depuis l'Irlande, l'Angleterre et les Pays-Bas, a rappelé le juge Wout Schoorlemmer mardi. Le scandale de la viande de cheval avait éclaté en Grande-Bretagne avec la découverte de lasagnes du géant suédois de l'alimentation, Findus, étiquetées comme étant des lasagnes pur boeuf mais qui contenaient de la viande de cheval. Des tests pratiqués par la suite dans l'Union européenne, dont les résultats ont été publiés par la Commission, ont décelé de la viande de cheval dans moins de 5 % des produits censés ne contenir que du bœuf.
Le commentaire d'article est réservé aux abonnés de La France Agricole.
Si vous êtes abonné, identifiez-vous dans le bloc "services experts"
situé en haut à droite de la page.
Si vous voulez vous abonner et profiter de tous les contenus du site ainsi que de l’édition papier de La France Agricole, cliquez sur le lien ci-dessous :
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres