« Nous avons fait énormément de choses sans être capables de le dire jusqu’à présent », constate Christian Magisson, en Gaec polyculture-élevage laitier à Forges-sur-Meuse, dans la Meuse.
Aire de lavage et de remplissage du pulvérisateur, local de stockage des phytos, mise aux normes des bâtiments d’élevage, traitements à bas volume, groupes Optiplaine, enregistrement des pratiques, engagement Agriconfiance, détenteur du Dapa (certificat de distributeur-applicateur de produits antiparasitaires) depuis 1997...
Le Gaec Jardin Fontaine, 500 ha et 1.350.000 litres de lait, n’a pas attendu le Grenelle pour se préoccuper de son impact sur l’environnement.
Valoriser les progrès
« Sans la certification environnementale, les progrès qui ont été faits ne pourraient pas être prouvés », remarque Christian. En 2009, il répond à l’appel d’offres lancé par la coopérative céréalière EMC2 auprès de ses adhérents pour tester le dispositif de certification HVE (haute valeur environnementale).
De même que les onze autres exploitations pilotes retenues dans le département, le Gaec se prête au jeu de l’autodiagnostic, épaulé par sa coopérative qui lui remet un classeur dans lequel sont rangés tous les documents utiles, des fiches d’enregistrement aux aide-mémoire et rappels sur la réglementation.
« Il ne manquait pas grand-chose pour être dans le canevas de la démarche », rapporte Christian.
Repères • Niveau 1 : conditionnalité Pac. • Niveau 2 : 16 exigences regroupées en 4 volets : biodiversité, phytos, fertilisation et eau. • Niveau 3 : deux options : soit plusieurs indicateurs à atteindre dans les 4 thématiques, soit deux indicateurs globaux (% de la SAU en infrastructures agroécologiques et % d’intrants dans le chiffre d’affaires). |
- Le niveau 2 est inspiré des démarches Agriconfiance. Il nécessite d’approfondir les méthodes de travail, notamment en justifiant chaque intervention.
- Pour le troisième niveau, le rassemblement des éléments nécessaires à l’évaluation des différents indicateurs est particulièrement long et laborieux. Et il y aurait même quelques aberrations...
« Des agriculteurs bio peuvent être exclus de la certification parce que leur consommation d’intrants est trop élevée », illustre Bastien Lelorain, d’EMC2.
« Les niveaux 1 et 2 sont pertinents, mais le niveau 3 doit mûrir, juge Christian Magisson. Il est plus difficile à mettre en œuvre et nous n’en voyons pas bien la finalité. »
Aujourd’hui, 150 adhérents ont suivi la formation HVE proposée par EMC2, en partenariat avec les chambres d’agriculture départementales.
« La démarche est en général bien perçue par tous les participants », constate Bastien Lelorain, précisant que ceux-ci satisfont 83 % en moyenne des exigences du niveau 2. La coopérative prévoit de mettre en place des formations ciblées pour arriver à 100 % de conformité.
« HVE est un bon outil pour montrer qu’on peut concilier agriculture productive et environnement », conclut Christian Magisson.
Pas une contrainte en soi... « Finalement, HVE n’est pas une contrainte supplémentaire, car la contrainte nous l’avons déjà, insiste Christian Magisson. La certification consiste seulement à formaliser tout ça en le mettant sur papier. Aujourd’hui, tout est bien rangé dans un classeur et ce dernier nous permet de justifier nos pratiques. » Se voulant accessible pour tous, la certification HVE serait une manière de se mettre en confiance par rapport à la réglementation environnementale. Mais pas seulement. « Ces démarches servent aussi à faire évoluer les méthodes de travail sur les exploitations. Nous pouvons y gagner en efficacité et en confort de travail », estime l’agriculteur. |
par Sébastien Chopin, Bérangère Lafeuille, Corinne Le Gall, Nicolas Levillain, Florence Mélix, Vincent Thècle et Cécile Vinson (publié le 7 mai 2010)
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres