« J’ai cherché à réduire mes volumes de bouillie pour obtenir une meilleure efficacité des produits, l’eau n’étant qu’un support pour apporter la matière active », raconte David Crosnier, installé sur 320 ha à Choue, dans le Loir-et-Cher.
C’est en suivant une formation aux bas volumes en 1999 que cet agriculteur a commencé à s’intéresser à cette technique. En 2001, il a investi dans un Spra Coupe de 1.600 l, qu’il utilise aujourd’hui avec un voisin sur une surface totale de 640 ha.
« L’achat du Spra Coupe, léger et rapide, m’a permis de gagner beaucoup de temps et d’améliorer la qualité de la pulvérisation, poursuit David. Je roule à 25 km/h environ pour un volume de bouillie compris entre 20 et 30 l/ha. »
Mais le matériel ne fait pas tout. Si David obtient de bons résultats, c’est aussi parce qu’il a choisi de traiter tôt le matin pour profiter de la rosée et avoir une hygrométrie idéale pour assurer l’efficacité des produits.
Favoriser l’étalement et la rétention
Ce qui est également très important, c’est la taille et le nombre de gouttelettes qui vont effectivement rester sur les feuilles, explique David. Je cherche à couvrir un maximum de surface et c’est là que les adjuvants prennent tout leur intérêt. »
Pour l’exploitant, l’utilisation d’adjuvants est indissociable de la technique des bas volumes. Il tire profit des différents modes d’action de ces produits pour assurer un traitement le plus efficace possible.
Avec les fongicides, David Crosnier ajoute du Sticman pour favoriser l’étalement des gouttes et limiter leur lessivage. « Pour les traitements contre la fusariose, cela permet de faire coller le produit à l’épi et améliore forcément l’efficacité », constate l’agriculteur.
Pour le désherbage, il utilise du Silwet L 77 pour l’étalement et du Surf 2000 quand il applique des sulfonylurées. « J’ai pu remarquer que le Surf 2000 augmentait vraiment l’action de cette famille de molécules. La matière active se dégrade beaucoup moins vite. »
Du côté des insecticides, il emploie également du Silwet L 77. « Mon voisin traite le soir avec de l’Héliosol, car il a également un effet répulsif. Je vais peut-être essayer, car cela semble donner de bons résultats. »
David Crosnier n’utilise jamais d’huiles, même s’il reconnaît leurs propriétés pénétrantes. « A la vitesse à laquelle je roule, je trouve qu’elles sont trop légères et qu’elles augmentent la dérive. »
Matières actives préservées
L’utilisation d’adjuvants ne sert pas uniquement à améliorer l’application du produit. David Crosnier s’en sert aussi pour stabiliser la bouillie dans la cuve et pour protéger les molécules et leur efficacité le plus longtemps possible.
« J’ajoute par exemple du Li 700 pour le désherbage, car c’est un excellent antimousse, et il acidifie un peu le mélange, ce qui crée un milieu plus favorable pour les herbicides », commente l’exploitant.
Il utilise aussi des humectants pour éviter l’évaporation et la déshydratation des matières actives. « Le but est de limiter la dégradation des molécules pour qu’elles agissent correctement et plus longtemps. »
Réduire les phytos
Grâce aux adjuvants, David Crosnier a pu réduire ses volumes tout en assurant l’efficacité des produits. Et cela lui permet aussi de diminuer sa consommation de phytos.
« Je travaille à la concentration, déclare David. Si la dose conseillée est de 1 l/ha de produit pour 200 l/ha de bouillie, je baisse la dose à 0,1 l/ha en traitant à 20 l/ha. »
En 2009, son poste de fongicides s’élevait à 30 €/ha. Les prix de certains adjuvants sont parfois élevés (environ 35€/l pour le Silwet L 77, contre 7 €/l pour Li 700), mais comme David les applique en très faibles doses, à 0,1 % du volume de bouillie le plus souvent, cela ne lui revient pas très cher au final.
« Cela vaut le coup, souligne-t-il. En plus, j’économise près de 300 m3 d’eau en traitant à 25 l/ha au lieu de 150. Je peux traiter au meilleur moment et réduire mes doses pour protéger l’environnement, tout en gardant un bon rendement. Je suis partisan d’une agriculture écologiquement intensive. »
Sept modes d’action • Faciliter la mise en œuvre : les stabilisants • Protéger les matières actives : antimoussants, acidifiants… • Réduire les pertes de produit : antidérive • Augmenter la quantité de bouillie retenue : rétenteurs antirebond • Augmenter la surface de contact : mouillants, étalants • Maintenir l’action des produits dans le temps : antilessivants, humectants • Accélérer la diffusion : pénétrants |
Record de pulvérisation En 2003, David Crosnier a établi le premier record de pulvérisation, en désherbant 102,57 ha en une heure, quatorze minutes et quatorze secondes, avec un volume de bouillie de 17 l/ha. Son Spra Coupe roulait à plus de 30 km/h, pour une efficacité optimale vérifiée par huissier. Au-delà du record, qui a été battu plusieurs fois depuis, le but était de prouver que les traitements à bas volumes étaient efficaces. Cette journée était organisée en partenariat avec les établissements Méthivier, Agridyne, Teejet et les spécialistes bas volumes Bernard Demaine et Pascal Paquis. |
par Sébastien Chopin, Bérangère Lafeuille, Corinne Le Gall, Nicolas Levillain, Florence Mélix, Vincent Thècle et Cécile Vinson (publié le 7 mai 2010)
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