« Cela fait maintenant dix ans que je me suis lancé dans des démarches de qualité et environnement », raconte Philippe Delefortrie, agriculteur à Mesnil-Saint-Nicaise, dans la Somme. L’exploitation a d’abord été certifiée « Qualiterre », puis « Agriculture raisonnée ».
Elle est également certifiée « Globalgap » depuis six ans et « ISO 14001 » depuis cinq ans. « Je suis très sensible aux problèmes environnementaux et j’essaie de réduire ma consommation d’engrais et de produits phyto depuis longtemps », ajoute l’exploitant.
C’est donc tout naturellement qu’il s’est intéressé aux outils d’aide à la décision pour mieux gérer ses pratiques. Sur ses 45 ha de pommes de terre à chair ferme, il réalisait des traitements systématiques contre le mildiou en préventif.
Avec Mileos, outil d’aide à la décision issu de la fusion de Mildi-Lis (Arvalis) et MilPV (Protection des végétaux), il peut maintenant traiter seulement quand il y a un risque avéré.
Estimer les contaminations
« J’utilisais Mildi-Lis depuis six ans, avec des résultats satisfaisants, raconte Philippe. Mileos a repris les avantages de chaque modèle, c’est efficace et précis. L’an dernier, j’ai trouvé la nouvelle interface un peu compliquée mais maintenant, je suis habitué. »
Alerte par SMS En cas de risque de mildiou élevé, Mileos avertit l’agriculteur sur internet ainsi que par SMS, pour plus de réactivité. Il lui indique la ou les parcelles à traiter. « C’est pratique quand on n’a pas le temps d’allumer l’ordinateur pour consulter le site », souligne Philippe Delefortrie. |
Ensuite, au fur et à mesure, il saisit ses interventions en précisant la date, la dose et le produit utilisé, ainsi que ses tours d’irrigation (quantité d’eau, date et heure).
Le modèle calcule en continu le risque mildiou à partir des données renseignées par l’agriculteur, de prévisions météo à 48 heures et de données climatiques fournies par les stations locales.
« Chaque parcelle est reliée à la station météo la plus proche, précise Philippe. L’abonnement aux stations météo est indépendant de Mileos, mais pour moi, c’est le Gitep (1) qui me propose les deux dans leur pack. Ils ont un maillage de stations tous les 5 à 7 km. »
Mileos évalue le risque d’inoculum dès le début, en fonction des observations de terrain et, à partir d’un certain seuil, il propose à l’agriculteur de déclencher le premier traitement.
Réduction de dose et gains de traitements
Après le premier traitement, les prévisions du modèle permettent à Philippe Delefortrie de repousser ses traitements de quelques jours, selon le risque annoncé.
« Dans la première phase de croissance des pommes de terre, on considère que la durée de protection des traitements est de quatre jours, explique l’agriculteur. Si Mileos signale que les conditions ne sont pas favorables au mildiou, je peux allonger cette durée. Mais la parcelle n’est plus protégée, alors il faut être réactif dès que le risque mildiou revient. »
Selon l’indice de risque communiqué par Mileos, Philippe ajuste ses doses. Si le risque de mildiou est très fort, il appliquera une pleine dose. En cas de risque moyen, il réduira sa dose de 20 à 30 % si les conditions de traitement sont favorables.
« J’économise des phytos à la fois en réduisant mes doses, mais aussi en diminuant le nombre de passages, observe Philippe. A force de repousser les traitements, j’arrive certaines années à passer de neuf à seulement cinq ou six traitements. »
Philippe Delefortrie estime qu’à l’heure actuelle, il est difficile d’aller plus loin, car une attaque de mildiou peut faire perdre toute la récolte, contrairement à d’autres maladies qui n’entraînent que des pertes partielles.
Utiliser un outil d’aide à la décision permet à Philippe d’être alerté dans des cas où il n’aurait pas soupçonné la présence de mildiou et aussi d’anticiper ses interventions.
« C’est très pratique pour les week-ends, confie-t-il. Cela me permet d’avoir une visibilité sur deux jours et de traiter le vendredi s’il y a un risque élevé ou d’attendre le lundi quand le risque est faible. »
Au bout du compte, c’est à l’agriculteur de choisir s’il traite ou non, selon les risques qu’il accepte de prendre.
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(1) Groupement d’intérêt technique et économique de la pomme de terre.
Septo-Lis, pour déclencher le premier traitement septoriose Avec sa chambre d’agriculture, Philippe Delefortrie va tester cette année le nouvel outil d’aide à la décision d’Arvalis, Septo-Lis, qui indique quand déclencher le premier traitement contre la septoriose. L’apparition des symptômes de la maladie a lieu vingt à trente jours après la contamination. Or, c’est à cette date que les traitements sont les plus efficaces. Afin de pouvoir placer le premier traitement au bon moment, le modèle Septo-Lis calcule les contaminations quotidiennes en fonction de la variété, de la date de semis et des données climatiques, et prédit le nombre de jours avant traitement. L’outil, accessible sur internet, fonctionne pour l’instant à l’échelle de la petite région, mais les travaux de recherche continuent pour affiner le modèle à la parcelle et inclure d’autres facteurs comme la densité de semis ou la fertilisation azotée. Conseil cartographié. Pour chaque couple variété/date de semis, Septo-Lis génère une carte de la région indiquant les dates de traitement optimales par zone. Photo : Arvalis. |
par Sébastien Chopin, Bérangère Lafeuille, Corinne Le Gall, Nicolas Levillain, Florence Mélix, Vincent Thècle et Cécile Vinson (publié le 7 mai 2010)
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