L’évolution de l’agriculture biologique en France est un des enjeux majeurs du Grenelle de l’environnement 2, actuellement en première lecture à l’Assemblée nationale (lire l’encadré ci-dessous). Le texte fixe pour objectif de convertir en bio 20 % de la SAU (surface agricole
utile) d’ici à 2020.
« Cet objectif est un peu présomptueux », estime Irénée Chivet, 48 ans, lui-même producteur de pommes biologiques à Louzouer, dans le Loiret. Converti au bio il y a sept ans, il vend toute sa production à la ferme. Aujourd’hui, il exploite près de 4 ha de verger bio et il est en train d’en convertir douze autres.
Pour le producteur, le principal obstacle à l’extension des surfaces en bio réside dans un cahier des charges « trop contraignant ». « Nous ne sommes pas logés à la même enseigne que les autres agriculteurs européens, constate-t-il. L’Espagne, par exemple, homologue des produits plus efficaces, mais aussi plus dangereux que ceux auxquels nous avons accès. »
Une production de niche
Résultat, l’agriculture bio française est moins compétitive. « Il faut harmoniser les cahiers des charges en Europe », insiste Irénée. Mais, pour Irenée, l’objectif du Grenelle est tellement ambitieux qu’il devra nécessairement s’accompagner d’un soutien public d’envergure.
« Il faut aussi savoir qu’en arboriculture le temps de reconversion est de trois ans », rappelle-t-il. Une période qui doit être accompagnée financièrement.
De plus, la contractualisation de la production bio entre producteurs et industriels ou grande distribution ne va pas être simple car le rapport de force est déséquilibré.
Irénée Chivet voit un autre frein au développement du bio : « Il entraîne des diminutions de production importantes. » Ses rendements actuels sont presque moitié moins élevés que dans le cas d’une conduite traditionnelle de verger. L’agriculteur ne comprend pas pourquoi le gouvernement s’est fixé un objectif chiffré.
« Un tel essor du bio fera chuter le rendement au point de rendre la production insuffisante pour les 6,5 milliards d’habitants de la planète, et bientôt 9 milliards si l’on en croit les pronostics de l’Onu. » Et ce modèle d’agriculture ne doit pas s’implanter partout. Il est surtout intéressant dans les régions à faible potentiel agronomique pour augmenter ses marges.
Les contraintes vues par les députés Adopté en première lecture au Sénat, le projet de loi passe au crible de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, avant une lecture en séance plénière prévue après les régionales. « Nous ne cessons d’alourdir les charges des agriculteurs, alors que d’autres pays arboricoles, comme l’Espagne, ne connaissent pas les mêmes contraintes », constate Jean Dionis du Séjour. Les députés devraient proposer un amendement de simplification. |
(publié le 19 février 2010)
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