Malgré une utilité agronomique dans les rotations, la féverole est jugée salissante et trop sensible aux ravageurs et aux aléas climatiques. Le Centre régional de recherche et d’expérimentation en agriculture biologique (Creab) du Midi-Pyrénées a jugé nécessaire de redorer le blason de cette culture. Le Creab préconise la féverole d’hiver, dont les rendements sont plus réguliers et le niveau de production plus élevé que ceux de la féverole de printemps. Cette dernière est à réserver à certains débouchés.
En bio, il est nécessaire de raisonner le désherbage bien avant l’implantation de la culture, notamment par la technique du faux semis. Loïc Prieur, responsable technique au Creab du Midi-Pyrénées, en rappelle les différents aspects: «Il faut réaliser un labour parfaitement retourné pour enfouir le stock de graines en profondeur. Le sol est ensuite affiné pour favoriser la levée des mauvaises herbes. Puis on détruit le couvert végétal obtenu: si la levée est importante, on passe la herse rotative, dans le cas contraire, on utilise un outil à dents du type du vibroculteur.»
Combiner Herse et bineuse
Semer à 7-8 cm de profondeur permet une levée homogène et régulière et évite les dégâts occasionnés par la herse étrille en postlevée. Les trop jeunes pousses ont en effet tendance à se faire arracher du sol tandis que les plantules les plus avancées peuvent casser. Le semis au monograine avec un écartement de 60 cm assure un passage confortable pour la bineuse, «la féverole va par la suite facilement fermer les rangs. Vingt-cinq grains au mètre carré est un maximum. On ne gagne pas en rendement en travaillant à 30-40 cm», confie Loïc Prieur. Avec cette technique de semis, on peut alors passer la herse étrille couplée à la bineuse au stade du cotylédon «et gagner en efficacité pour le désherbage».
Au niveau des ravageurs, on note que les pucerons de la féverole sont bien moins virulents que ceux du pois. Les sitones s’attaquent aux nodosités, mais la féverole en développe suffisamment pour résister à une attaque. C’est la bruche qui pose le plus de problèmes. Les larves se nourrissent des graines et en diminuent le potentiel de germination et de commercialisation. L’anthracnose, le botrytis, la rouille et l’oïdium sont les principales maladies qui peuvent affecter la culture. Le soufre et le cuivre doivent désormais suivre les mêmes procédures d’homologation que les molécules de synthèse complexes. Aujourd’hui, ils sont toujours interdits sur protéagineux en culture bio.
Reliquats azotés: jusqu’à 170 unités L’effet de précédent de la féverole est l’un des principaux atouts de cette culture en agriculture biologique. «C’est la légumineuse qui fournit le plus de reliquats azotés», argumente Loïc Prieur. Ils sont en moyenne de 70 unités, mais peuvent varier entre 30 et 170 unités d’azote disponibles pour la culture suivante. Ils sont jugés «indispensables» par le technicien du Creab «dans les assolements des exploitations biologiques spécialisées en grandes cultures et sans élevage». Dans ces structures, l’approvisionnement en fertilisant azoté agréé pour l’agriculture bio (généralement issu d’un élevage lui-même certifié) peut coûter extrêmement cher et il faut y ajouter les frais de transport. Valoriser l’azote des légumineuses permet aussi de limiter les charges supplémentaires du compostage des effluents d’élevage conventionnel lorsque cette solution est envisagée. |
En variétés d’hiver, Castel et Iréna sortent gagnantes Les essais conduits par le Creab donnent de meilleurs résultats avec les variétés Castel et Iréna. Les rendements sont à la fois meilleurs et plus réguliers. Castel s’adapte mieux aux différents itinéraires techniques et Iréna est plus tardive et moins sensible au froid. |
par Alexis Dufumier (publié le 2 mai 2008)
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