Situé dans la vallée de la Meuse, le Gaec des Mazées dispose d’une quarantaine d’hectares de prairies naturelles à valoriser. En 1995, les associés choisissent de se convertir à l’agribio et de nourrir le troupeau à l’herbe, pâturée où récoltée en foin.
«Les surfaces accessibles sont inondées l’hiver. En fonction de la météo, la mise à l’herbe a seulement lieu entre la mi-avril et le début de mai. Le troupeau a accès à 25 ares/VL jusqu’à la mi-juin, puis 42 ares», explique Gérard Charles, l’un des associés.
Mis à part l’an dernier, à cause de la pluie, les éleveurs sont obligés de complémenter avec du foin l’été. Car les fortes chaleurs limitent la pousse.
«Il nous manque 6 ha près des bâtiments pour pouvoir se passer des fourrages stockés durant cette période.»
Malgré ces contraintes, Gérard tente de valoriser au mieux les prairies permanentes. Pour cela, il utilise le pâturage tournant. Il tente de respecter deux grands principes pour tirer profit de la bonne pousse de l’herbe.
Tout d’abord, les bêtes ne restent pas plus de quatre jours sur une même parcelle. Au-delà, elles risquent de manger les repousses. Ensuite, l’éleveur évite d’effectuer ce qu’il appelle de l’accélération à contretemps. C’est-à-dire faire tourner trop vite les vaches sur les paddocks.
«Au printemps, un minimum de trois semaines est respecté avant qu’elles ne reviennent sur une même parcelle. Le délai s’étire ensuite à quatre semaines en juin et six en août. L’herbe peut ainsi reconstituer ses réserves entre deux exploitations.»
Ces grandes règles sont aménagées en fonction des conditions météorologiques. Par temps sec, l’éleveur laisse un peu plus longtemps ses animaux sur une parcelle pour permettre une repousse sur les autres.
Lorsqu’il pleut, il préfère ne pas les lâcher dans un nouveau paddock, car elles risquent de coucher l’herbe. «Après chaque pâturage, nous passons la herse de prairie. Cela nous permet d’étaler les bouses et d’éviter les refus. Aucune fertilisation n’est réalisée sur ces prairies. Nous valorisons ainsi en moyenne 6,9 t de MS/ha.»
Les pâturages des génisses fonctionnent également de la même manière. 11 ha de prairies naturelles leur sont réservés. Mais ces bêtes restent plus longtemps sur une même parcelle (sept jours). Car avec deux lots de génisses, il faudrait beaucoup de paddocks de petites dimensions pour les faire tourner plus vite.
«Cela deviendrait trop contraignant. D’autant que la découpe des parcelles est recalculée chaque année du fait des inondations.»
Le Gaec dispose également de 28 ha de prairies temporaires. Ce sont des mélanges de plusieurs espèces. Trois coupes de foin sont réalisées sur ces surfaces.
«Nous disposons d’une installation de séchage d’une capacité de 160 tonnes. L’un des mélanges à base de luzerne est systématiquement séché pour conserver un maximum de feuilles».
A l’automne, les génisses sont lâchées sur ces prairies pour effectuer une quatrième coupe.
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par Pascale Le Cann, Jean-Michel Vocoret, Dominique Grémy et Nicolas Louis (publié le 7 avril 2008)
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