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Article 2 :

Un pâturage planifié pour des broutards lourds

La croissance des broutards au Gaec de l’Etat est soutenue grâce à une gestion rigoureuse des prairies.

David Désassure: «Deux jours pour caler le calendrier de pâturage par écrit.»

«La rotation des lots de vaches sur les parcelles mérite réflexion! insiste David Désassure, en Gaec avec sa compagne Corinne et sa mère Monique, à Chéniers, dans la Creuse. Elle est primordiale pour le pâturage d’une herbe de qualité. Cela joue sur la production laitière des mères et par conséquent sur la croissance des broutards.»

Du coup, David cogite son planning de pâturage pendant deux demi-journées au cours de l’hiver. Affecter les deux cent vingt-cinq hectares de prairies conduites en bio aux cent quatre-vingts limousines et à leur suite n’est pas une mince affaire. D’autant que la répartition doit tenir compte de la situation des points capteurs d’eau pour limiter le travail d’astreinte.

«Un planning bien calé, c’est beaucoup de temps gagné par la suite, remarque David. Nous attribuons un hectare à chaque couple mère-veau et nous formons des lots de vingt à vingt-cinq vaches. La surface attribuée à chacun est ensuite systématiquement divisée en quatre ou cinq parcelles. En avril, la moitié de celles-ci est consacrée à la fauche, le reste à la pâture.»

Lorsque la pousse est rapide, cette organisation permet de retirer une partie des parcelles prévues pour le pâturage et de les stocker. «Compte tenu du parcellaire, nous créons de douze à quinze lots chaque année, indique David. En pratique, cela implique de faire tourner environ deux lots chaque jour, sachant que ces derniers stationnent de six à huit jours sur la même parcelle.

«Nous veillons à ne pas faire pâturer les animaux trop ras, insiste David. D’abord parce que les animaux sont susceptibles d’ingérer des parasites. Et ensuite parce qu’avec 5 cm, l’herbe repousse mieux et plus vite. Les rotations rapides sont aussi plus favorables aux repousses.»

Sur le plan de l’organisation, les parcelles destinées à un même lot sont proches les unes des autres. Ce sont souvent de grandes parcelles, redivisées par des clôtures électriques. Ainsi, une personne seule peut changer le lot de parcelle.

 

Autonomie fourragère

«Quant à la surveillance des lots, nous l’effectuons à tour de rôle. Elle nous prend au moins deux heures tous les matins. Cette conduite nous a permis de gagner en autonomie, précise David. Nous n’achetons plus de fourrages.» Les stocks sont là en quantité suffisante. En principe, la qualité suit. Sauf l’année dernière où le beau temps n’a pas été au rendez-vous. «Nous avons dû compenser par des achats supplémentaires de luzerne déshydratée», rappelle-t-il.

Les meilleures parcelles sont toujours réservées à la récolte. «Les autres sont mieux valorisées par le pâturage à cette époque alors que l’herbe est appétente.» Au final, chaque couple mère-veau dispose de quarante à cinquante ares au printemps et du double pendant l’été. Les deux fauches de refus, l’une à la fin de mai ou au début de juin et l’autre à l’automne, améliorent également la productivité des surfaces fourragères.

Les besoins de l’exploitation sont conséquents en raison de l’engraissement de toutes les femelles. Pendant cent jours en moyenne, elles consomment 15 kg d’enrubannage ou d’ensilage d’herbe par jour avec du foin à volonté et 5 kg de concentré fermier. Ce dernier comprend deux tiers d’un mélange produit sur l’exploitation à base de triticale, d’avoine et de pois, et un tiers de luzerne déshydratée achetée. Ce mélange sert d’ailleurs de complément à toutes les catégories d’animaux, que ce soit les vaches suitées ou les broutards.

  

Développer la panse le plus tôt possible

Du côté des performances, elles sont en moyenne de 1.160 g par jour pour les mâles et de 1.000 g pour les femelles qui ne reçoivent pas de complémentation à la différence des mâles. «Je veille à ce qu’ils consomment en priorité des fourrages de manière à ce que la panse se développe tôt», indique David. Dans les box, pendant l’hiver, tous les veaux disposent de foin à côté du mélange fermier.

A la mise à l’herbe, ils consomment d’ailleurs peu de concentré. «Ce dernier est certainement moins appétent que les formules du commerce, mais il me coûte moins cher», explique-t-il. A neuf mois, juste avant le sevrage, les veaux en consomment environ 3 kg, sachant que sur toute la saison chacun en mange 380 kg en moyenne. Les veaux nés à l’automne enregistrent des croissances un peu plus faibles que ceux nés pendant l’hiver. «Ceux-ci connaissent le pâturage avant et après la saison de stabulation, remarque David. Cela multiplie les phases de transition et il est possible que cela perturbe un peu leur développement.»

Le potentiel génétique joue aussi un rôle important sur le GMQ (gain moyen quotidien). Les qualités maternelles et le potentiel de croissance des veaux sont les critères privilégiés. «Cela se fait un peu au détriment des facilités de naissance, déplore David. Les interventions au vêlage restent toutefois rares.»

Les taureaux sont choisis lors des ventes aux enchères à la station de contrôle individuel de Lanaud ou dans des fermes réputées. «Je regarde les index en priorité, sans négliger l’aspect visuel de l’animal, indique-t-il. Et une soixantaine d’inséminations sont également pratiquées sur les vaches qui vêlent à l'automne. Au final, l’organisation de notre système est gourmande en temps. Elle exige un gros travail de réflexion. Nous songeons à diminuer le nombre de vaches!», conclut-il.

 

 

Témoignage: ALAIN NEBOUT, conseiller agricole à la chambre d’agriculture

«Des prairies composées de plusieurs espèces bien entretenues»

Les vingt hectares de prairies que David implante chaque année comprennent autant de graminées que de légumineuses. C’est une garantie de production, quelles que soient les conditions climatiques. Cette flore évolutive peut voir des espèces ressurgir en conditions difficiles. En l’absence d’apports azotés, elles sont plus lentes à démarrer au printemps mais les rendements sont au rendez-vous avec 4,5 tonnes de matière sèche en foin et 4,5 tonnes de MS en ensilage d’herbe. Cela tient à la stabilité du pH à un niveau de 6,5 depuis 1991 grâce à un apport de 1 tonne de calcaire grossier tous les ans. Pour la fertilisation, toutes les parcelles reçoivent de 6 à 8 tonnes de compost tous les ans, y compris les 35 hectares du mélange céréalier (triticale, avoine, pois) qui enregistrent un rendement moyen de 40 q/ha.

 

par Marie-France Malterre

(publié le 18 avril 2008)

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