Accueil
/ Elevage / Technique / Grands dossiers / Bovins lait et viande: bien conduire son pâturage / Pâturer du triticale en hiver
«Le pâturage hivernal du triticale permet de sortir les vaches laitières dès le début de février, alors que les prairies n’ont pas encore redémarré, explique Jean-Claude Emile, chercheur à l’Inra de Lusignan, dans la Vienne. Le principe est de profiter de la pousse des céréales plus importante en automne et en hiver, tout en valorisant la repousse ultérieure en ensilage ou en grain. Au stade feuillu, le triticale est très appétent, et les vaches en consomment autant que d’un ray-grass anglais (RGA) de qualité. On peut ainsi gagner jusqu’à un mois de stocks fourragers. Pour éviter les refus et ne pas perturber les repousses, il est indispensable de faire pâturer les vaches au fil avant et arrière, en laissant deux, trois jours de recul, et d’obtenir un couvert ras à la sortie de la parcelle. Si de mauvaises herbes se développent, elles seront pâturées.»
Comparable à un RGA
Lors d’essais menés à Lusignan en 2005-2006 et présentés lors des Journées de l'AFPF (1), un lot de prim’holsteins a été conduit avec du triticale pâturé en plat unique jour et nuit, sans apport de concentré. L’ingestion moyenne était de 17 kg de MS (à 16% de MS et 120 g/kg de MAT) par vache laitière. La production s’est élevée à 25 kg de lait par jour, comparable à celle obtenues avec un RGA pâturé.
L’année suivante, les vaches ont pâturé 6 heures par jour entre le début de février et la fin de mars, avec un complément d’ensilage de sorgho limité à 7 kg, toujours sans apport de concentrés. «Pâturer le triticale en complément de la ration hivernale est plus facile à mener qu’en plat unique.» Malgré le temps pluvieux, les performances des laitières, 28 kg de lait, équivalaient à celles obtenues avec près de 20 kg de MS d’ensilage de sorgho.
Mais il y a des limites: il n’est pas sûr que la pousse soit suffisante ou que le temps permette une sortie des animaux sur la parcelle. «Plus on s’affranchit des fourrages conservés, plus le système nécessite de la souplesse et comporte de risques au quotidien», précise Jean-Claude Emile.
_____
(1) Association française pour la production fourragère.
|
Rendement moindre si le pâturage se prolonge En pâturage hivernal, le triticale est tout indiqué pour sa rusticité. Il sera de préférence implanté précocement. Une sortie des animaux dès février pénalise peu la repousse ultérieure de la céréale. En revanche, le rendement en grain baisse nettement si le pâturage se prolonge au printemps: il perd 1,9 q/ha par jour supplémentaire. Lors des essais à Lusignan, le triticale n’a reçu ni fumure azotée ni pesticide. L’hiver 2005-2006, une pousse tardive a imposé un pâturage tardif du 19 avril au 3 mai. Une fois les animaux sortis de la parcelle, la repousse a été forte et la moisson décalée d’une semaine. Le rendement atteignait 78% d’une parcelle témoin pour une sortie le 22 avril, mais seulement 32% pour une sortie le 3 mai. L’année suivante, le rendement moyen était de 40 à 50% de la normale, malgré un pâturage plus précoce, la pluie ayant entraîné un piétinement de la parcelle. «Plutôt que d’envisager une récolte en grain éventuellement faible, le triticale peut être ensilé immature ou retourné, comme une dérobée», suggère Jean-Claude Emile. |
par Elsa Casalegno (publié le 30 novembre 2007)
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres
