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Grands dossiers

Article 9 :

Travail : une question d’organisation

L’agrandissement et la réduction de la main-d’oeuvre disponible ne vont pas forcément à l’encontre du maintien de l’herbe.

Les élevages grossissent, les robots se multiplient, et certaines vaches oublient le goût de l’herbe pâturée. En France tout au moins. Des îles britanniques aux Pays-Bas, personne n’associe l’agrandissement à la suppression des pâtures. Et pourtant, la contrainte liée au manque de main-d’oeuvre y est souvent plus forte qu’en France. Le litrage par UTH frise les 300.000 litres au Royaume-Uni, soit un tiers de plus que dans l’Ouest français. Bien sûr, le nord de l’Europe bénéficie d’un climat plus favorable à l’herbe que la moyenne française.

Les clés pour pâturer plus

Mais faire pâturer cent vaches est réputé ingérable dans l’Hexagone quand les Anglais n’hésitent pas à sortir des troupeaux cinq ou dix fois plus importants. Preuve qu’il n’existe pas de raisons techniques pour renoncer. La différence se situe donc d’abord dans l’état d’esprit.

Les étrangers sont souvent très surpris de voir les niveaux d’équipements que s’offrent les éleveurs français pour mettre tous leurs animaux sous un toit. L’investissement en bâtiment se monte à plus de 30 €/1.000 l de lait dans le nord de la France quand le Royaume-Uni dépasse tout juste 10 €/1.000 l.

Bien souvent, le choix du système fourrager est orienté par l'existence d’un bâiment.

 

 

Moins d'astreinte au pâturage

Une autre idée reçue semble s’enraciner en France: les surfaces en herbe demandent plus de temps. Surveiller la pousse, vérifier les clôtures ou déplacer les animaux sont des tâches parfois jugées peu nobles et gourmandes en temps.

En comparaison, un système fondé sur le maïs ensilage semble plus régulier, et donc plus facile à gérer. La délégation de certaines tâches y apparaît également facilitée.

En réalité, on dispose de peu de données objectives sur les temps de travaux. Mais des mesures effectuées en Bretagne montrent que le temps d’astreinte baisse en moyenne de douze heures par semaine sur les mêmes élevages entre l’hiver et le printemps.

Quand les vaches pâturent, l’éleveur gagne chaque semaine cinq heures sur le paillage et le raclage, trois heures à la traite et deux heures pour l’alimentation. Et il n’a pas à épandre les déjections que les vaches laissent sur les prairies.

Par ailleurs, le temps consacré aux travaux des champs varie selon les cultures. Des mesures réalisées sur le même réseau d’élevages bretons l’établissent à un peu moins de trois heures par hectare et par an pour de l’herbe contre presque neuf pour du maïs.

Certaines pratiques permettent de limiter ces travaux. En choisissant des prairies associant graminées et légumineuses, on réduit le travail lié à la fertilisation. Penser aussi à miser sur des espèces pérennes.

Enfin, ceux qui savent gérer l’herbe au pâturage ont moins de refus à faucher et gagnent ainsi du temps.

Se libérer pour se former aux techniques de suivi des prairies est donc un investissement rentable. Les structures d’exploitation inadaptées sont également souvent identifiées comme des freins au développement ou au maintien du pâturage. Et c’est souvent vrai.

Beaucoup d'agrandissements se sont faits au détriment de la structure du parcellaire, ce qui a conduit à réduire les surfaces en herbe. D’autres disposent historiquement d’une structure mal adaptée. Par définition, les structures figent une situation et imposent plus ou moins une manière de fonctionner.

Cependant, les agrandissements ou regroupements offrent l’opportunité de revoir ces structures, voire de les faire évoluer.

Quand les éleveurs mettent le foncier au coeur de leur regroupement, les choses peuvent changer. Certes, la fusion de troupeaux entraîne souvent une perte de surface accessible par vache. Mais quand l’investissement dans un bâtiment est nécessaire, la question de sa localisation se pose. Pourquoi ne pas le mettre au milieu des pâtures?

 

Aménager la parcellaire

Des adaptations de la structure d’exploitation sont généralement peu coûteuses. Le temps de travail en période de pâturage est très lié à l’aménagement du parcellaire. Concevoir des chemins adaptés à la taille du troupeau facilite la circulation des animaux.

Certains n’hésitent pas à sacrifier un peu de surface pour créer des passages parallèles à une route. Installer des clôtures fiables est également nécessaire pour faire pâturer. Quand le troupeau peut effectuer certains trajets seul, l’éleveur est gagnant.

Enfin, l’installation d’un réseau d’eau dans toutes les pâtures représente un investissement limité. Le bâtiment, lui aussi, peut être conçu pour simplifier le travail en période de pâturage. Penser à l’accessibilité du bloc de traite indépendamment de l’aire d’exercice pour pouvoir fermer le bâtiment et supprimer ainsi le travail de raclage.

 

 

De la marge dans les grands troupeaux

L’Institut de l’élevage a conduit une enquête sur une petite centaine d’élevages détenant plus de 110 VL: un sur cinq a abandonné le pâturage. Mais 40% disposent de 20 à 40 ares d’herbe par vache. Et 60% de ces troupeaux auraient 10% de surface accessible supplémentaire qui permettraient d’accroître le pâturage. Si les stocks sont majoritaires dans la ration de ces élevages, l’herbe pâturée reste présente.

 

 

Lire également les articles suivants :

Conduite : des prairies productives et bien valorisées

La Franche-Comté veut pâturer plus et mieux

Gaec des Mazées: «Nous tentons de tirer le meilleur parti de nos prairies naturelles»

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Travail : une question d’organisation

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Gaec des Marnes : « L’herbe nous a sauvés»

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par Pascale Le Cann, Jean-Michel Vocoret, Dominique Grémy et Nicolas Louis

(publié le 7 avril 2008)

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