«Ça n'a pas l'air, mais le métier de marionnettiste est très technique !» Dans la pénombre du théâtre de Courdemanche (Sarthe), Liliane Plouzeau raconte son nouveau métier.

Ce faisant, elle démêle quelques-uns des quinze fils transparents qui relient sa main droite à Valentine. Habillée d'un ciré jaune, le look branché, la figurine en sapin est le personnage central de son spectacle Valentine et le végétal.

Liliane Plouzeau y parle des plantes et de leurs usages alimentaires et non alimentaires. Au passage, elle rappelle que la vocation première d'un agriculteur est de nourrir ses contemporains. Elle évoque aussi ces «nouveaux» consommateurs, conscients des méfaits de la surconsommation, prêts à évoluer.

Voilà plus de trente ans que Liliane Plouzeau fréquente le monde du théâtre. Ses compétences sont variées: elle joue, met en scène, écrit, mais sait aussi monter une bande son, assurer une programmation culturelle, organiser un événement, communiquer, etc.

En se spécialisant dans le théâtre de marionnettes, elle innove et souhaite faire découvrir cet art au monde agricole. L'artiste explique qu'elle «veut parler de l'agriculture d'aujourd'hui et de celle de demain». Elle le fait avec exigence et profes-sionnalisme.

Bien entourée

«J'ai travaillé pendant vingt-quatre ans (jusqu'en 2007) au centre d'économie rurale de la Sarthe comme comptable-conseil en fiscalité et gestion agricole», précise-t-elle. Des quotas laitiers aux réformes successives de la Pac, elle y a vécu toutes les mutations des années 80, 90 et 2000. Et reste admirative de «la rapidité incroyable avec laquelle les agriculteurs se sont adaptés».

Liliane est aussi la femme d'Armel Plouzeau, éleveur en race normande et actuel président de l'union de coopératives Créavia, spécialisée en génétique bovine. Dans cette aventure artistique, elle sait également pouvoir compter sur ses amis agriculteurs et/ou éleveurs. Six d'entre eux l'ont d'ailleurs tout particulièrement aidée dans l'élaboration de son spectacle.

Formée auprès des plus grands

«Le théâtre de marionnettes, c'était un rêve», avoue simplement Liliane Plouzeau. En 2007, pour lui donner corps, elle est partie se former à Paris, Toulouse, Dijon et Tours, auprès de quelques grands noms du marionnettisme. «C'était un peu mon tour de France de compagnon», se remémore-t-elle.

Elle y apprend à manipuler des marionnettes à fils, à gaine ou à baguettes, à mouler des visages en terre, en polystyrène, en papier... C'est là aussi qu'elle sculpte, dans du tilleul, du sapin ou du hêtre, trois grandes marionnettes à fils : Valentine, Tim et Petit Savant.

De retour chez elle, elle met toutes ces connaissances en pratique. Et, progressivement, au fil des premières commandes, elle crée Valentine et le végétal. Artiste hors du commun, Liliane Plouzeau a déjà reçu le soutien de plusieurs organisations agricoles. Preuve s'il en était que sa façon de dire l'agriculture d'aujourd'hui sonne juste.

par Anne Mabire