Les chroniqueurs, natifs des Pyrénées pour la plupart, font partager leur passion pour la musique, la culture occitane, la gastronomie, le rugby ou la montagne. A gauche, David Gérard et, en face, Raymond Gimenes.
Montaillou, petit village de l’Ariège perché à 1.300 mètres d’altitude, ne compte que vingt-six habitants. Mais, dans les studios de la radio, il y a de l’animation. Ce matin, c’est Jean-Pierre Esposito, éleveur et maire d’une commune voisine, qui est invité à l’antenne. Il présente le programme des fêtes de l’été et convie tous les gens du pays aux feux de la Saint-Jean. Cet après-midi, David Gérard, le directeur, enregistre le
s prochaines émissions de jazz avec Raymond Gimenes, un musicien qui a travaillé avec Henri Salvador et qui vit aujourd’hui dans l’Ariège.
Cette radio n’a pas surgi là par hasard. Le village est connu depuis la parution, en 1975, du livre d’Emmanuel Le Roy Ladurie, «Montaillou village occitan». L’historien y raconte la vie quotidienne au XIVe siècle des paysans imprégnés de foi cathare, en se basant sur leurs témoignages conservés dans les registres du tribunal de l’Inquisition. En 1997, Jean Clergue, le maire, a l’idée de s’appuyer sur cette notoriété pour lutter contre le déclin du village. Au travers de l’association Le Castellas, les habitants s’investissent dans la restauration du bâti, l’organisation d’un colloque historique, puis d’un festival médiéval qui se tient tous les ans au mois d’août.
En 2005, Jean Clergue sollicite David Gérard, un ancien de Sud Radio, pour créer une radio pendant le festival. «Les réactions des auditeurs ont été enthousiastes. Nous avons renouvelé l’expérience en 2006, puis en 2007, nous avons obtenu une fréquence permanente sur l’Aude», raconte David Gérard, qui est venu vivre à Montaillou. Depuis le 10 juillet 2008, la radio émet également sur l’Ariège. Gérée par une association, elle est financée par le fonds de soutien des radios locales et la publicité.
«Nous avons voulu créer une radio de proximité, à laquelle les habitants puissent s’identifier», explique David Gérard. «J’écoute les infos locales pour connaître l’état des routes. L’hiver, c’est important», souligne Fabienne, qui travaille à la station de ski de Camurac, à dix kilomètres de là.
Les musiques diffusées n’enferment pas les auditeurs dans des cases. «Une bonne chanson est intemporelle!», estime David Gérard. Les chroniqueurs, natifs des Pyrénées pour la plupart, font partager leur passion de la chanson, du blues, du jazz, de l’accordéon, de l’histoire, de la culture occitane, de la gastronomie, du rugby ou de la montagne.
Depuis 2007, les studios sont installés dans l’espace multiservice construit par la commune. Les habitants comme les randonneurs peuvent y trouver une épicerie, un fax, un point phone, une télécopieuse et un poste internet équipé de l’ADSL et du Wi-Fi. Medhi Azéma, fils d’un des éleveurs du village, vient souvent y surfer. A côté, un point de vente propose les travaux d’une association d’artisans. «La radio fait connaître notre village et attire des visiteurs. Nous nous sentons moins isolés au bout du monde!», explique Claudette Capelle, qui fait partie de cette association. Radio Montaillou est aussi écoutée sur internet. «Près de 400 personnes se connectent chaque jour. Ces auditeurs aiment entendre parler du pays où ils ont passé des vacances», constate David Gérard.
La radio n’émet en permanence que depuis un an et demi, mais reçoit déjà beaucoup de courrier. «Nous avons établi une relation affective avec nos auditeurs, nous répondons à un vrai besoin de créer des liens», ajoute t-il.
Pour écouter cette radio sur internet: www.radio-montaillou.com
par Frédérique Ehrhard (publié le 19 septembre 2008)
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