La Mutualité sociale agricole du Doubs a créé il y a dix ans un poste de chargée d'éducation pour la santé confié à Monique Heriot-Dintroz. «La santé, c'est un bien-être mental avant tout. Cela ne passe pas forcément par les médicaments. En renforçant la capacité des jeunes à répondre aux exigences de la vie, notamment en les aidant à communiquer, à gérer leur stress, leurs émotions, en développant leurs relations avec les autres personnes, nous sommes dans notre rôle d'éducation à la santé.»
Et c'est ainsi que, la Mutualité sociale agricole, la Mutualité française, la Fondation de France et le comité départemental d'éducation à la santé se sont retrouvés sur la ligne de départ d'une action de théâtre-forum au côté des enseignants et élèves volontaires de l'école Saint-Joseph. Le budget de l'action s'est élevé à 22.868 € (150.000 F) en 2001-2002. La vingtaine d'élèves et les huit adultes volontaires du lycée ont travaillé une semaine par trimestre avec un professeur de théâtre assistée d'une psychologue.
Présentation aux enseignants et aux parents
Les acteurs ont préparé chaque semaine cinq scènes de deux à cinq minutes, sans texte écrit: une punition collective, un enseignant qui apostrophe durement un élève, la difficile intégration d'un élève dans une classe, la conduite après prise d'alcool, le conflit entre ceux qui suivent une filière bovine et ceux qui ont choisi les chevaux... A l'issue d'une semaine de travail, les élèves présentaient aux autres élèves, aux enseignants et la dernière semaine aux parents, leurs scènes qui peuvent être interrompues et rejouées par un spectateur qui devient alors acteur, d'où le nom de théâtre-forum. Cette action a été très appréciée des acteurs enseignants comme élèves. Ils disent avoir acquis une meilleure maîtrise de leurs stress et de leurs émotions.
Une expérience suspendue
Elle a plus diversement été accueillie par les autres membres de la communauté éducative qui ont pour certains regretté les emplois du temps bouleversé, la perte de temps et qui, au bout du compte, se sont peu déplacés pour voir le résultat. En revanche, les adultes participant ont noté avec plaisir l'évolution des jeunes acteurs, la diversité et la richesse des histoires, les débats nourris provoqués ou encore la prise d'assurance de certains jeunes jusque-là effacés. «L'action avait un financement pour deux ans encore. Mais, pour l'instant, l'école ne donne pas signe de vie au risque de décevoir les jeunes, regrette Monique Heriot-Dintroz. Certes, cette expérience est exigeante mais riche d'enseignement et de progrès pour tout le monde. Les histoires vécues mises à jour sont tellement éclairantes.»
La jeunesse n'est pas un défaut Selon une enquête réalisée en 2002 par l'observatoire des jeunes de Bourg-en-Bresse (1) auprès des ruraux, les jeunes ruraux ont les mêmes centres d'intérêt que les jeunes urbains. Mais leur lieu de vie génère un mode de vie légèrement différent. Les jeunes ruraux vont moins loin pour faire leurs études et travaillent plus vite. Pour améliorer leur quotidien, ils souhaitent plus d'autonomie, en particulier dans le transport. Ils aimeraient trouver un travail là où ils vivent. Ils regrettent que les responsables locaux ne soient pas plus attentifs à leur égard. Dans cette enquête, comme lors des reportages effectués pour ce dossier, une constante ressort: les jeunes qui se regroupent, qui font parfois du bruit, sont vus par les élus comme un problème. Pourtant, cette jeunesse parfois un peu tapageuse (mais les Mobylettes ne datent pas d'hier) est avant tout l'avenir des territoires. Dans l'enquête de Bourg-en-Bresse, certains soulignent qu'ils ne sont pas écoutés, qu'ils sont trop souvent écartés des comités des fêtes. Leur donner leur chance, c'est aussi en donner une aux territoires ruraux. _____ (1) Revue «Economie et humanisme», octobre 2002. |
par Marie-Gabrielle Miossec (publié le 31 janvier 2003)
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