En 2002, Nicolas Philibert réalise «Etre et avoir» , un film documentaire qui retrace la vie d’une classe unique en Auvergne. Son superbe film enregistre, à la surprise générale, plus d’un million d’entrées en France et autant à l’étranger. Cette fois, il revient sur les lieux de ses débuts: la Normandie. «J’avais vingt-quatre ans et le cinéaste René Allio m’avait offert le poste de premier assistant à la mise en scène de son film», raconte Nicolas Philibert. En 1975, René Allio tournait alors à Athis-de-l’Orne «Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère…», écrit d’après un fait divers daté de 1835. Le film sera tourné à la ferme de la Durandière, à Athis-de-l’Orne, à quelques kilomètres de l’endroit où le triple meurtre a eu lieu. «Ce film devait une grande part de sa singularité aux rôles confiés aux paysans de la région. J’ai décidé de retourner en Normandie, à la rencontre de ces acteurs éphémères filmés il y a trente-deux ans.» Après «Etre et avoir», Nicolas Philibert signe aujourd’hui un nouveau film documentaire où se mêlent des images de «Moi, Pierre Rivière…», des scènes agricoles d’aujourd’hui et des témoignages des acteurs locaux. Ceux-ci évoquent leurs souvenirs de tournage, ce que le film a changé dans leur vie, et ce que cette vie est devenue, trente ans après, avec ses bonheurs et ses drames. «Le film s’enracine dans mes propres souvenirs, mais raconte également des histoires d’aujourd’hui», explique Nicolas Philibert.
Agriculteur à la retraite, Pierre Borel se rappelle en riant qu’il jouait le rôle de l’amant. Gilbert Peschet était dans les habits du voisin des Rivière: «L’équipe de tournage nous a d’abord demandé de prêter des outils, de faire des travaux à la main. Puis elle nous a invités à glisser une phrase. Ce film a finalement permis de rassembler des gens qui ne se connaissaient pas.» Annick Bisson, lycéenne de seize ans à l’époque, n’était pas peu fière lorsque l’on venait la chercher en classe pour tourner des scènes du film. Elle jouait le rôle d’Aimée Rivière: «Mes parents étaient rassurés: mon oncle jouait aussi dans le film et avait l’œil sur moi!» Devenue éducatrice dans un centre pour handicapés, Annick avoue: «Il était beaucoup plus facile d’être comédien que de parler aujourd’hui de soi-même devant une caméra.» Le film part également à la rencontre de l’acteur principal, Claude Hébert, originaire de la région. Après le rôle de Pierre Rivière, il a fait une courte carrière cinématographique avant de disparaître des écrans. Certains le croyaient au Canada, d’autres décédé. A l’occasion du tournage, Nicolas Philibert l’a redécouvert prêtre à Haïti! Son retour à Athis et sa rencontre avec les acteurs de «Moi Pierre Rivière...» constituent l’un des moments forts de «Retour en Normandie».
Le cinéaste rend un hommage émouvant à ces acteurs d’Athis, au réalisateur René Allio et… à son père, passionné de cinéma: recruté comme figurant en 1975, Michel Philibert n’apparaît pas dans «Moi, Pierre Rivière…». Les scènes où il jouait, ont été coupées au montage. En 2007, les images retrouvées par son fils Nicolas signent la fin de «Retour en Normandie».
_____
«Retour en Normandie» sort dans près de 80 salles en France, dont 12 en Normandie et 9 à Paris. Il sera suivi dans un mois par une sortie en salles et en DVD de «Moi, Pierre Rivière…».
par Jean-Claude Ballandonne (publié le 28 septembre 2007)
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres