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Autres dossiers

Article 14 :

Les agriculteurs sur les tréteaux

Parce qu'ils aiment écrire, parce que les discours ne passent plus ou par simple amour du théâtre, agriculteurs et agricultrices n'hésitent plus à monter sur les planches. Tour de France des scènes rurales dans de vrais théâtres, sur des bottes de paille ou dans des hangars.

MINISOMMAIRE

Du plancher des vaches au théâtre

Patrick Cosnet, qui fut membre d'un Gaec laitier, joue, aujourd'hui, sur toutes les scènes de Pouancé à Avignon, de Port-Saint-Père à Angers.

Ce jeudi-là, les bennes de la Cuma L'Achenau de Port-Saint-Père, dans la Loire-Atlantique, sont toutes alignées le long de la route à l'extérieur de la cour qui accueille les tables du dîner. «En deux jours, les membres de la Cuma ont tout sorti, tout rangé et monté la scène de théâtre», se réjouit François Forest, son président. Après un dîner de trois cents personnes, Patrick Cosnet et sa troupe se produisent dans le hangar de la Cuma clos par des bâches d'ensilage. La petite odeur de fioul persistante rappelle aux ruraux qui ont répondu avec empressement à leur invitation, que ce soir, les agriculteurs «cumistes» animent le bourg. La troupe de théâtre est à l'aise partout et Patrick Cosnet, prompt à porter sur toutes les scènes sa passion pour le théâtre, s'explique: «Le théâtre doit être dans le monde et non dans un monde à part. Il aide à poser des questions et non à y répondre. Il recrée un lien social entre les gens sinon nous n'existerions plus avec la télévision et les feux d'artifice. Nous pouvons jouer presque n'importe où. Notre camion contient tout le matériel nécessaire.» Mission accomplie, ce jour-là, pour la troupe de Patrick Cosnet si l'on en juge par les rires, les chants et les applaudissements des spectateurs. Patrick Cosnet a renoncé à sa première passion, l'élevage, pour mieux servir son autre raison de vivre: le théâtre. «J'étais membre d'un Gaec laitier. Quand mon associé a vu le plaisir que je prenais à jouer, il m'a encouragé. Nous avons pris un ouvrier, puis comme cela marchait pour ma troupe, il a repris ma place en 1997.» Patrick Cosnet habite toujours au coeur de l'exploitation, à Pouancé, à la frontière du Maine-et-Loire, de la Sarthe et de l'Ille-et-Vilaine. Il se consacre désormais à sa compagnie, créée en 1991, qui réunit aujourd'hui une dizaine de personnes aux multiples talents: acteurs, metteur en scène, régisseur et musiciens. Objectif de la troupe: s'implanter dans le pays pouancéen, être un pont entre le public rural et le théâtre institutionnel. Il joue dans tout l'Hexagone et tous ceux qui s'intéressent, de près ou de loin, au théâtre dans la campagne de France, connaissent le nom de Patrick Cosnet. Il évoque pour certains «La Casquette du dimanche», sa première pièce jouée 2000 fois, pour d'autres, «Entre toutes les femmes». Les éleveurs laitiers se souviennent avec bonne humeur de sa pièce «plus technique» D'une seule traite, une pièce écrite à l'instigation de l'Institut technique de l'élevage. «Même lorsqu'il s'agit d'une commande, j'écris comme je le sens et la pièce nous appartient.»

Depuis cette saison la troupe présente une nouvelle création: «Souvenirs d'un mauvais garçon», cinq nouvelles de Maupassant. Ce spectacle a fait les délices du centre d'art dramatique d'Angers, où il a tenu l'affiche un mois. Il part aujourd'hui vers Avignon pour 15 jours de représentations. La troupe a commencé l'écriture d'une nouvelle pièce intitulée «La Différence». «La Casquette marquait un passage, l'image d'un moment que les gens de la ville aiment bien. Mais ils n'ont pas toujours vu ce qui s'est passé depuis. Cette pièce traitera, sans angélisme, des relations ville-campagne et comment on en est arrivé à se polluer la vie dans tous les sens du terme.» Rendez-vous aux prochaines premières, à la fin de l'année 2000.

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LE DÉCLIC

Prophète en son pays

En 1991, Patrick Cosnet convainc ses voisins Renée et Jean-Yves Ampilhac de passer de leurs pique-niques conviviaux du dimanche proposés l'été aux gens des villes alentours (Angers, Rennes et Nantes sont à moins d'une heure de route) à une ferme-auberge. Pendant que la famille Ampilhac investit dans les bâtiments et se consacre avec bonheur à l'art de la table, Patrick Cosnet écrit sa première pièce en trois mois et s'appuie sur le talent de metteur en scène d'un ami, Jean-Luc Placé. Ce sera «La Casquette du dimanche». Patrick met en scène «un couple de vieux agriculteurs, tendres et drôles, beaux et casse-pieds, comme l'étaient nos grands-parents, comme l'imaginent ceux qui sont en ville». Il n'a pas publié son texte «parce qu'il est toujours sur le fil de l'émotion. Dit sans tendresse, ce texte pourrait sombrer dans la caricature de paysans. Moi c'est mon monde». A la fin de la première, la vieille dame du couple dépeint s'est levée en disant: "Ben oui, on est comme cela.» Le plus cher hommage rendu à l'auteur auquel s'est ajouté celui du directeur du théâtre d'Angers, présent dans la salle. Ce sera le début de tournées, qui en dix ans, mèneront la troupe dans plus de 34 départements avec un détour à Paris.

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LA CONCRÉTISATION

Une ferme-théâtre

Renée et Jean-Yves Ampilhac élèvent, sur 25 hectares, des moutons, des volailles et pratiquent la vente directe. Séduits par le projet de Patrick Cosnet, ils transforment une ancienne écurie de pierre en une chaleureuse auberge, L'Herberie, qui fleure bon les viandes qu'ils préparent et les légumes oubliés qu'ils cultivent. «Après le repas, à côté de la cheminée, nous installions une estrade en poussant les tables», se souvient avec délice Renée. Depuis, la ferme-auberge a grandi tout comme la troupe de théâtre. L'an passé, L'Herberie s'est dotée d'un vrai théâtre, tout en bois avec de lourds rideaux noirs. L'investissement de 900.000 francs a été couvert, pour la moitié, dans le cadre du programme européen 5B. «Nous venons de céder notre clientèle de volailles et nous en élèverons exclusivement pour notre ferme-auberge avec un troupeau de moutons de 150 têtes. Dans cette ferme, nous donnons plus que jamais la priorité au dîner-spectacle.» Les dîneurs, qui peuvent être jusqu'à cent cinquante, sont accueillis par le piaillement des pintades et par des buissons de roses et d'herbes aromatiques. Ils ont le choix entre un menu du terroir pour 200 francs ou un menu gastronomique pour 240 francs.

«La gestion du spectacle appartient à la troupe de Patrick à qui nous fournissons les murs, précise Jean-Yves. En juin, nous définissons le programme annuel qui va de septembre à juillet. Certains spectateurs sont venus voir "La Casquette" plus de cinq fois.»

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Mieux qu'un discours, une pièce

Didier Larnaudie a créé un Gaec avec son père pour vivre dans son pays, en Aveyron. Pour tisser des vrais liens entre ruraux, il a écrit une pièce.

Lorsqu'ils réalisent enfin que le facteur qui vient d'enlever sa casquette et les salue est à la fois un des leurs, agriculteur comme eux, mais aussi acteur et auteur de la pièce qui vient de se jouer, les congressistes se lèvent. «Le Bar des amis», pièce écrite et mise en scène par Didier Larnaudie, vient de clore dans les rires et les applaudissements, la première journée de l'assemblée générale de «Gaec et société». Même s'ils regrettent le penchant un peu trop marqué et parfois caricatural de ce facteur pour la dive bouteille, ils reconnaissent ces personnages qui se retrouvent régulièrement dans ce bar. Comme souvent dans les communes qui se dépeuplent, ce lieu est le dernier rempart contre la solitude absolue dans ce village de Pradals, dans l'Aveyron.

Arrivent des Anglaises la tête pleine de projets de parcs d'attraction et les envies et les doutes de chacun surgissent de nouveau. Les agriculteurs tenteront bien de faire intervenir la «Safari» (la Safer!) mais, au bout du compte, le parc ouvrira quand même et redonnera vie au village. Mais qu'en sortira-t-il?

Sur les planches et à la régie, dix-huit personnes se succèdent pour interpréter cette fable: «Il y a presque autant de métiers que d'acteurs amateurs dans notre association: agriculteur, ingénieur conseil, couvreur», se réjouit Didier Larnaudie. S'il consacre l'essentiel de son temps à son Gaec qui réunit 40 vaches laitières et 30 limousines sur 50 hectares situés à Lebous-Comps, la grand'ville, il se passionne avant tout pour son environnement. «Je me suis installé pour vivre en milieu rural. Avant de revenir chez mes parents, je suis parti neuf mois en Australie avec ma femme. Pour réfléchir. Notre pays est vivant et créateur, il véhicule des valeurs moins artificielles que la ville, où l'homme est au second plan.» Il se lance dans le syndicalisme: «Mais nous n'arrivions pas à toucher le monde rural même quand nous invitions les gens du canton à venir échanger.» Une vingtaine de ruraux des environs de Cassagnes se demandent comment fédérer les énergies présentes dans leur pays. Ce sera le théâtre, peu après la présentation d'une pièce régionale et la création de l'association «des Clampins du Lagast». Didier, lui, se lance dans l'écriture: «Jj'ai écrit pendant un an pour me faire plaisir et pour mobiliser la troupe au maximum, en écoutant les gens, la richesse est autour de moi. J'ai voulu communiquer autrement que par le discours. Avec humour les messages passent mieux. Je cherche une tribune pour rassembler les ruraux.» Parallèlement, Didier s'investit davantage localement, dans la Cuma en particulier parce que les retombées sur le quotidien sont plus immédiates, plus efficace que dans l'action syndicale.

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POUR AVANCER

Rire et réfléchir

Sur les planches, une autre agricultrice, Nadines Vermhes, ne boude pas son plaisir: associée dans une EARL d'ovins à viande, elle se dit «bien dans son métier» et n'hésite pas à jouer un personnage parfois caricatural «pour interpeller les spectateurs». Elle joue avec talent, Paulette, une agricultrice qui se rend à «l'Amfa, l'association pour la mobilisation des femmes d'agriculteurs, qui lui explique qu'elle n'a pas le statut d'agricultrice mais de PGC, c'est-à-dire un statut de "pas grand-chose" avec la retraite qui correspond.»

«Faire rire et faire réfléchir en même temps, permet d'avancer. Quand on crée une dynamique, on obtient des réponses. Nous devons bouger pour que le monde rural reste vivable. Quand l'école ferme, c'est un lieu de rencontre qui disparaît.» Le théâtre peut combler ce vide et devenir un nouveau lieu d'échange.

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Une enquête devenue théâtre

Dans la Meurthe-et-Moselle, plus de mille personnes ont vu «femmes modèles», une pièce écrite et jouée par une troupe professionnelle.

Comment restituer les résultats d'une enquête sur les attentes de femmes en milieu rural sans tomber dans la «grande messe» avec graphiques et commentaires qui s'étirent? Les femmes du GVAF de Nomeny-Pont-à-Mouson comptaient sur cette enquête pour que les femmes du milieu rural qu'elles cherchaient à toucher au moins les entendent. D'où cette intuition: pourquoi ne pas la traduire en pièce de théâtre? Le théâtre de cristal, implanté depuis 1989 à Vannes-le-Châtel proposait des animations culturelles permanentes, des formations en direction des amateurs et des professionnels tant du théâtre que du cirque. Dominique Farci, le directeur artistique, saisit la balle au bond. Mais pose les conditions de cet exercice: l'écriture sera l'oeuvre de Didier Patard, un auteur au fait de la réalité rurale. La pièce sera jouée par des acteurs chevronnés pour donner à ce travail un professionnalisme qui le fera apprécier en dehors du canton. Voilà comment dix-huit mois après le coup d'envoi, les agricultrices collent les affiches de «Femmes modèles». «Nous n'avions ni vu, ni lu la pièce», souligne Agnès Chonet, la présidente du GVAF, intriguée par le titre de la pièce. «Didier Patard utilisait-il la forme ironique pour nous faire remarquer que nous avions tendance à nous croire parfaites?» Elles assument le risque et collent de bon coeur les affiches car les entrées doivent couvrir 60.000 F sur les 160.000 F du budget. La chambre d'agriculture et les groupes de développement les accompagnent et leurs partenaires financiers (le conseil général, Groupama, la MSA, l'association pour le développement des vallées de la Meurthe-et-Moselle, la communauté de communes de Seille et Mauchère et La Poste) apportent le complément du budget. Deux radios locales couvrent l'événement qui attirera entre mai et juin plus de mille personnes dans les salles des fêtes ou dans un hangar muni d'une scène en bottes de paille. «La pièce est profonde, au-delà de la froideur d'une enquête», résument Agnès Chonet et Nicole Le Brun, la conseillère du GVAF. Des débats animés concluent la plupart des spectacles. Depuis ces représentations des organismes sociaux à la recherche d'interlocuteurs sur le terrain pour implanter des structures d'accueil les ont contactées. «Et nous espérons avoir prouvé que nous ne sommes pas seulement obsédées par notre boulot», tranche Catherine Choné alors qu'Agnès prépare déjà la réunion du groupe qui doit accueillir de nouvelles adhérentes du GVAF. «Nous avons quelques pistes: suivre cet hiver un stage de théâtre, prendre contact avec d'autres groupes de femmes en milieu urbain ou encore créer notre magazine de pays», conclut Agnès Choné, tandis que Dominique Farci projette «d'autres représentations dedans et hors du département».

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FEMMES MODÈLES

Dialogue entre une agricultrice et son amie d'enfance

«Femmes modèles» raconte l'histoire de deux amies: elles se retrouvent régulièrement dans la cuisine de Sandrine qui est agricultrice. Chloé après dix ans d'absence, un mariage et un divorce est revenue vivre à la campagne dans la maison de sa mère juste décédée et occupe un emploi d'aide à domicile. Les deux amies se disent tout mais ne s'écoutent pas toujours, chacune poursuivant sa pensée. Elles se retrouveront vraiment lorsqu'elles décideront de répondre au concours de la femme modèle lancé par leur journal agricole (clin d'oeil à «La France agricole»). Les voilà obligées de répondre à des questions plus personnelles.

Les femmes du GVAF surprises au départ applaudissent à deux mains: «Nous avons été très touchées par la pièce qui est très réaliste», estime Marie-Thérèse Gattaux, salariée à temps partiel à l'extérieur de l'exploitation de son mari. «Les deux actrices qui sont vraiment les personnages qu'elles jouent, se disent des choses que les femmes se disent réellement. Leur rapport à l'argent à travers d'une histoire de timbres à payer est très révélateur: Sandrine n'est pas radine mais un sou est un sou quand on doit le gagner», reprend Anne-Marie Schwartz. «Nous avons été émues et interpellées par la détresse de Chloé à laquelle Sandrine ne prête pas attention au départ», conclut Catherine Choné. Une sorte de rappel de l'auteur: si les agricultrices veulent partager avec les autres femmes, elles doivent aussi les écouter. Les spectateurs eux aussi ont été conquis. «Certains nous ont dit: on va faire les hommes modèles. Nous les attendons au tournant.»

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«Une affaire de famille»

A Melleran, dans les Deux-Sèvres, Christian et Annick transmettent à leurs enfants la passion du théâtre.

Elle est loin l'époque où Christian Renaud est monté sur les planches pour la première fois. Cette activité, qu'il pratique depuis son plus jeune âge, lui est devenue comme une seconde nature. Chaque année, en septembre, Christian repart pour une nouvelle aventure humaine. Revient alors la période des répétitions, la lente progression d'un travail qui conduira la troupe à présenter le fruit de ses efforts lors des trois ou quatre représentations données au début d'avril, point d'orgue de la saison.

Mais qu'est-ce qui le fait courir vers les tréteaux? «Essentiellement le fait de côtoyer des personnes venues d'autres horizons...», explique-t-il. Mais il y a aussi le plaisir de jouer: «Lorsque nous sommes réunis, nous oublions tous nos tracas quotidiens et quand la saison s'achève, nous ressentons comme un manque», avoue Christian.

Le groupe théâtral du foyer rural de Melleran (Deux-Sèvres) est composé d'une douzaine de personnes. Un couple d'enseignants à la retraite, passionné de théâtre, organise la mise en scène des pièces choisies. Un agriculteur s'occupe de toute la logistique technique (son, éclairage), tandis que Christian se charge de toutes les démarches administratives (demande d'autorisation de jouer les pièces, versement des droits d'auteur...). Pour ce qui est du répertoire, une évolution se fait jour depuis quelque temps: «Nous abandonnons le théâtre de boulevard pour nous tourner vers des spectacles plus exigeants d'auteurs contemporains: Jean-Claude Grumberg, Jean-Michel Ribes, Denise Bonnal, Roland Dubillard...», précise Christian.

Son épouse, Annick, qui a longtemps fait partie du groupe, s'occupe désormais des enfants, en compagnie de trois autres mères de famille, dans le cadre de l'atelier théâtre du foyer rural de Melleran. Leur fille aînée, Ophélie, sur les planches depuis déjà dix ans, n'est pas la moins assidue aux répétitions: «C'est une activité merveilleuse qui permet de sortir de soi, d'entrer dans la peau d'un autre personnage», confie-t-elle avec l'enthousiasme de ses seize ans. Le second, Mathieu exerce ses talents depuis cinq ans et Emilien, le petit dernier, brûle d'impatience à l'idée d'accompagner chaque samedi matin sa soeur et son frère aux répétitions du groupe enfants et adolescents.

Viendra peut-être le jour où toute la famille se produira sur la scène dans une même pièce. Qui sait? En attendant, Christian caresse un rêve: vivre, le temps d'un été, l'épopée d'un théâtre ambulant.

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Spectateurs acteurs

Des agriculteurs de l'Oise invitent les spectateurs à interrompre leur spectacle pour donner leur avis.

Une quinzaine d'agriculteurs et agricultrices du pays de Bray, membres du Cernodo, groupe de développement de l'Oise, ont réalisé en 1999 une enquête sur l'image des agriculteurs. Résultat: une image positive mais trop ancrée dans le passé. Pour convaincre les ruraux de venir discuter de ce travail, ils improvisent des saynètes avec l'aide de Jean-François Martel, animateur du théâtre de l'Opprimé. Ils jouent une première fois chaque scène et lors de la deuxième présentation les spectateurs peuvent les interrompre à tout moment pour la jouer comme ils l'imaginent. Face au succès rencontré par «Paysans on vous aime» en 1999, les membres du comité de développement rural de Bray sont remontés sur les planches cette année. Avec «Brèves de terroir», ils abordent les sujets qui fâchent agriculteurs et ruraux: la cohabitation avec une belle-fille venue de la ville, l'accueil de nouveaux administrateurs dans un conseil d'administration qui ronronne, ou encore l'épandage des boues dans une commune. Dans la salle, les spectateurs n'hésitent pas à interrompre les acteurs. Une manière subtile de découvrir ce que pensent vraiment nos voisins.

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par Marie-Gabrielle Miossec et Jean-Alix Jodier

(publié le 7 juillet 2000)

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Article 37

Fils de paysans

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