«Ici la qualité du repas compte plus qu’à Paris»
Des chaises violines, des marches rouges. L’éclat de spots multicolores. Des paillettes qui scintillent telles des étoiles sur fond de rideau noir. Un décor de cabaret sur lequel ondulent, dans des costumes de rêve, de superbes danseuses, en une succession d’émoustillants tableaux: «Mistinguett», french cancan, rythmes orientaux, ambiance sud-américaine. Un numéro de cerceau aérien d’une gracieuse poésie… Le tout est savamment entrecoupé par des sketches humoristiques qui fleurent bon la gentille paillardise à la gauloise. Confortablement attablés, les 250 convives du dîner-spectacle se laissent entraîner dans cette croisière de charme, n’hésitant pas à monter sur scène, à agiter d’enthousiasme leurs serviettes au-dessus de leur tête, puis à se joindre aux artistes, dans un grand final confraternel… Un mélange d’émotions artistiques et de gaieté, servi au coeur de la campagne thiernoise.
Ce spectacle, c’est le petit «miracle» de Patrick Garachon, un Auvergnat qui est «monté» dans sa jeunesse faire carrière à Paris. Devenu l’agent de diverses vedettes (comme Carlos, récemment disparu), il a également été le directeur artistique du célèbre Bobino, en compagnie de Philippe Bouvard. Jusqu’à ce qu’une envie de retour le saisisse: «Il y a neuf ans, explique-t-il, j’ai souhaité me rapprocher de mes parents et lancer mon propre spectacle en Auvergne. Mes amis ont tous cru que j’allais au casse-pipe!» Audacieusement, il jette son dévolu sur Le Moulin-Bleu: un dancing abandonné, gloire de l’après-guerre, situé en face d’une ancienne gare où débarquaient autrefois les noceurs… «Aujourd’hui, mes clients arrivent de Clermont-Ferrand, de Lyon ou de Bordeaux. L’établissement se situe stratégiquement à proximité de l’autoroute A72. Ici, il y a de grands espaces de parking et pas de problème de voisinage quand nous terminons à 2h30 du matin!» Patrick Garachon a orchestré son succès via une montée en puissance progressive: «Au départ, nous donnions une seule représentation une fois par mois. On faisait aussi hôtel-restaurant. Quand ça a commencé à bien fonctionner grâce au bouche-à-oreille, j’ai investi deux millions de francs pour transformer la salle en un véritable cabaret. J’ai aussi embauché des cuisiniers pour veiller aux menus. Certains de nos fromages d’Auvergne sont fabriqués dans une exploitation située à 800 mètres d’ici… Car la qualité du repas compte beaucoup plus ici qu’à Paris.»
Au total, Le Moulin-Bleu emploie vingt-huit personnes, dont certaines logent sur place. Une vie d’artiste au milieu des prés, est-ce donc possible? «Ici, ce n’est pas la campagne qui vient au cabaret, mais bien le cabaret qui vient à la campagne», s’amuse l’une des danseuses. Elles affirment avoir trouvé là un cadre de travail stable, plus convivial que dans une grande équipe, avec un rythme de vie moins stressant et moins individualiste qu’en ville. Si certains artistes continuent à vivre en nomades entre Thiers, Paris ou Lyon, d’autres ont choisi de s’installer pour de bon dans le secteur. C’est le cas d’une chanteuse qui, après avoir travaillé au Moulin-Rouge, à Paris, à l’étranger et dans le sud de la France, a choisi d’habiter avec son compagnon musicien dans une ferme. Où elle apprécie de pouvoir être présente le soir, pour les devoirs de son enfant… En 2006, Le Moulin-Bleu (1) a attiré 25.000 spectateurs. Grâce à son professionnalisme à la parisienne, agrémenté d’un zeste de convivialité provinciale. Un sacré cocktail!
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(1) Déjeuner et dîner-spectacle, suivi d’une animation dansante. Tarifs individuels à 54 ou à 66 euros.
Tél.: 04.73.80.06.22. Site : www.moulin-bleu.com .
par Chantal Béraud (publié le 1er février 2008)
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